Enduro Series #1 - Metabief

Reprise des Enduro Series à Métabief. Ceux qui espéraient soigner leurs rhumatismes à l'occasion en sont pour leurs frais : pas de boue mais un grand soleil.

La station Franc-Comtoise accueillait ce week-end la première manche des ES 2009 ; cinquième saison pour le circuit enduro « à la française » organisé par l’équipe Tribe. Julien Poomans parti vers de nouvelles aventures, l’organisation désormais chapeautée par Jérôme Brabant s’est appuyée sur des tracés concoctés aux petits oignons par le local et virtuose du singletrack Greg Noce.

La vidéo officielle 26in.fr

Enduro Series 09 Metabief

U anne caroline chausson n gros plateau était annoncé et … les promesses ont été tenues, jugez plutôt : honneur à ces demoiselles avec notre Anne-Caroline Chausson (inter)nationale que l’on ne présente plus, la junior Mélanie Pugin aussi discrète que rapide, les toujours affutées Nadine Sapin et Pauline Dieffenthaler entre autres … A noter aussi le sympathique retour de Malika Malone sur son Spé pour la saison.

Chez les garçons, honneur à l’exotique avec la légende canadienne Wade Simmons (friand du Comté local, on a vérifié !) invité par Tribe, de même que le ressortissant du Colorado Ross Schnell qui sera stoppé dans son élan vers le podium par une « petite fracture» de la hanche (le gaillard mettra tout de même deux spéciales pour se résoudre à visiter l’hôpital !!!).

Côté français, on retrouve un Karim Amour ultra affuté et plein d’ambitions, un Nicolas Vouilloz libre de tout engagement rallyesque face aux ténors de la discipline (Absalon, Balaud, Clémentz, Golay, Doucende, Giordanengo, etc).

Saluons aussi le retour en forme de Thomas Hartstern et de David Rimailho blessés tous deux sérieusement en 2008, la présence de quelques masters de renom et de près de 35 juniors emmenés par l’héraultais Théo Galy.

Métabeau temps dès le samedi, des tracés reconnus à pied la veille comme le règlement l’impose (comme toujours, peu de tricheries à déplorer), le décor est planté … Une ambiance de rentrée des classes règne au sein du paddock le samedi matin : vélos rutilants, tenues de combat fraîchement déballées, casques personnalisés. Malgré une apparente décontraction, on sent une certaine tension chez les tops pilotes comme chez les « poireaux » (n’y voyez là aucun racisme légumineux …). Bref, tout est en place pour en découdre à coup de secondes sur les 3 spéciales du programme ! Enfin, coup de chapeau extra sportif aux coureurs avec la photo de famille et les stickers de soutien à Bonux, le boss du supershop Adrenalin touché par une dure épreuve personnelle.

1ère Spéciale : départ donné au sommet du télésiège du Monrond et après une première manche de mise en jambe où les 5 premiers se tiennent en moins d’une seconde et demi, Rémy Absalon cueille ses adversaires à froid dans la manche 2 et 3. Il colle près de 15 secondes à ses poursuivants directs !

Le tracé traverse une prairie en dévers avant de plonger dans une partie en forêt parsemée de racines suivie par une courte mais intense remontée coupe jarret où les adeptes du 38 mono écrasent les manivelles en danseuse… Une entrée en matière technique qui occasionnera de nombreuses crevaisons handicapantes pour ceux qui ont fait des choix pneumatiques hasardeux.

En fin connaisseurs de l’épreuve, Jérôme Clémentz, Florian Golay, Alex Balaud et Olivier Giordanengo pointent aux avant postes dans les 3 premières manches mais se font irrémédiablement décrocher par le trio Absalon / Amour / Vouilloz dans les 3 suivantes. Prestation remarquée de Ross Schnell qui occupe alors une solide sixième place jusqu’à sa mauvaise chute en début de cinquième manche.

2ème spéciale courue en seulement 6 minutes par les meilleurs, elle fait quant à elle la part belle au pilotage en reprenant la « Renversée » ponctuée pour cette année de quelques variantes superbement travaillées par les traceurs : des appuis excellents en terre meuble dont tout le monde peut profiter grâce au maintien d’une météo exceptionnelle pour la saison (près de 30° dans les sous bois !!). Ces conditions permettent d’observer une certaine effervescence dans le parc coureurs durant les brefs intermèdes metabief : les pneus mixtes choisis par beaucoup de pilotes pour assurer la première manche matinale sont rapidement échangés contre des profils plus roulants pour l’arrière afin de favoriser les relances ou plus épaulés pour l’avant pour le grip en dévers. Vu aussi sur le proto Lapierre Zesty tout carbone de Vouilloz (celui de l’Urge Kenya), un pédalier Clavicula du même matériau pour un poids record de 490 g … et un prix, heu … prohibitif !!! Dans le même esprit, Giordanengo roule en Float 32 axe de 15 et roues Mavic XLR. Bref, des choix techniques des plus osés que seuls quelques coureurs dont la finesse de pilotage n’a d’égal que la vitesse peuvent se permettre.

Dans le registre performance, ACC explose le chrono dès le samedi avec une 44ème place scratch, à moins de 20 % du temps du leader masculin, reléguant ses malheureuses poursuivantes au rang de simples figurantes : dur, dur pour les habituées de la série. Scoop 26in, ACC devrait fréquenter les pentes de l’Alpe d’Huez munie de son Vario Orus un certain week-end du 16 et 17 juillet prochain, à bon(ne) entendeur(euse) !! Florian Golay perd quand à lui tout espoir de figurer à sa place en raison d’une crevaison au cours de l’ultime manche de l’après-midi ; les autres ténors se chamaillent en tête alors que Karim Amour s’adjuge les deux derniers scratchs : insuffisant toutefois pour détrôner un Rémy Absalon dominateur. Au titre des images fortes de la journée, on retiendra la souplesse de félin de Vouilloz dans les parties les plus typées DH alors qu’il chevauche un spad de marathon (!) et la hargne d’un Guillaume Braux toujours aussi impressionnant de puissance.

Le dimanche réservait aux rescapés (sur les 400 inscrits) une spéciale entièrement nouvelle mixant savamment portions techniques, voire aériennes pour les plus rapides, et pédalage usant : un bel équilibre trouvé là par Greg Noce, bien représentatif de la « french touch ». Prenez 1/ 3 de calcaire à plonger dans 30° de pente, ajoutez 1/3 de bonne terre végétale et quelques racines, saupoudrez le tout de fourbes gravillons, assaisonnez avec une herbe grasse à souhait et secouez ! Quelques chutes à déplorer bien sûr dont une un peu plus sévère qui occasionne l’interruption de course durant ¾ d’heure, le temps d’évacuer le blessé. Un temps mis à profit par l’ensemble des coureurs pour se relaxer à l’ombre des bosquets sommitaux, échanger leurs impressions ou taxer un petit ravitaillement à de prévoyantes demoiselles (n’est-ce pas, Mr Love ?!).

La course relancée, Absalon ne laisse que des miettes à ses adversaires en s’adjugeant 3 chronos sur 4 : il remporte ici sa première victoire de la saison 21 secondes devant un Karim Amour plus combatif que jamais et un Nicolas Vouilloz qui, avec un chrono total de 1h12 sur le week-end échoue à seulement 6 secondes. Jérôme Clémentz et Alex Balaud complètent le podium, séparés de 304 millièmes, une tétine de crampons, quoi ! Un peu plus loin dans le classement, les temps sont tout aussi serrés avec près de 30 pilotes du « top 50 » qui se tiennent en 2 minutes à peine !

remy absalon

ACC remporte logiquement la catégorie féminine (45ème scratch) face à la prometteuse Mélanie Pugin et Pauline Dieffenthaler venue en (ex)voisine. Chez les masters, brillante victoire de Jean-Marc Picard (33ème scratch) devant Marc Bosca et Marc Valleye. Chez les juniors enfin, Théo Galy confirme son énorme potentiel (14ème scratch) devant Antonin Gourcin et le sociétaire de Valloire Galibier Pierre-Yves Livernaux.

A l’heure de conclure ce bien beau week-end de VTT, on constate que le niveau général est encore monté d’un cran en ce début de saison 2009 : pilotes mieux préparés mais aussi matériel optimisé spécifiquement pour les exigences de la discipline. Il était bien rare de croiser fourches double-té ou amortisseurs à ressort sur les montures des valeureux concurrents. Tendance à l’allègement qui reste cependant à valider sur la suite de la saison sachant que les prochaines étapes, et notamment la Tribe du Val d’Allos, demeurent bien plus exigeantes encore pour les mécaniques …

Un mot enfin sur l’ambiance dans les files de remontées, au départ ou dans les spéciales qui est (encore) bon enfant pour le plaisir de tous : les pilotes émérites se mêlent sans sourciller à la nombreuse et non moins méritante masse, celle par qui passe le succès de la discipline en général et de ce circuit en particulier. Au chapitre gastronomie, notons la dotation des sacs coureurs en comté local et saucisson fumé savoureux, une bonne initiative. En comparaison, les ravitaillements ont paru un peu « cheap », dommage ...

Le rendez-vous (déjà complet depuis plus d’un mois !) est pris pour le dernier week-end de juin pour la mythique Tribe 10 000, la course par laquelle tout a commencé. Laissons le mot de la fin à l’enthousiaste Wade Simmons pour qui les Enduro Series, c’est « NICKEL » …, à prononcer à la canadienne bien sûr !!!

Le portfolio signé Jérôme Picard et Sébastien Sallet