Le Maroc, c’est depuis 15 ans le paradis de la piste à 4x4 et du crosseur à l’ancienne. Mais les temps changent et le soleil se lève sur un fabuleux terrain de jeux où enduro rime avec aventure.
Le Maroc, c’est depuis 15 ans le paradis de la piste à 4x4 et du crosseur à l’ancienne. Mais les temps changent et le soleil se lève sur un fabuleux terrain de jeux où enduro rime avec aventure.
Quand nous avons parcouru une première fois à VTT le moyen Atlas Marocain – voici deux ans – nous avions nettement aperçu, et même goûté, au fabuleux potentiel de sentiers et de freeride du pays (voir notre article VTT au Maroc). Mais encore à l’époque, la norme de ce type de trip reposait sur des étapes de 80 km de piste par jour, talonnés par le 4X4 d’assistance. Le matériel et les pratiques ayant sérieusement évolués, nous avions suggéré au responsable de l’agence marocaine Saïd Mountain Bike d’innover en proposant un parcours à 100% sur sentiers, de n’utiliser le 4X4 que pour les liaisons et proposer un circuit à dominante descendante. Quand il serait prêt, un simple coup de fil et nous reviendrions en force pour un chouette reportage, assurément.
Un an plus tard, le fameux coup de téléphone arrive, puis un an passe encore pour monter la dream team chargée du reportage avant que nous nous retrouvions à Marrakech, accueilli par Saïd et Mohamed, sans oublier l’incontournable Land Rover. Direction le Haut Atlas pour 7 jours de traversée du nord au sud, du côté du M’Goun. Un itinéraire qui ne descend quasiment jamais sous les 2000 mètres d’altitude et culmine aux alentours de 3000 mètres. Un terrain aride et rocheux, désertique en dehors de quelques fonds de vallées avec quelques rares villages sans électricité. Du ride engagé donc, par la difficulté du terrain et l’éloignement du premier flacon de mercurochrome... Un raid nécessitant une organisation et une maîtrise parfaite, alors quand nous avons compris que nos guides ne connaissaient que très peu les étapes proposées et les découvraient avec nous, trop tard ! Nous étions déjà dans l’aventure jusqu’au cou !
Cette découverte eu lieu le 2ème jour et fut d’autant plus brutale que le 1er jour s’était merveilleusement bien passé. En effet, après une courte nuit à Marrakech, on charge les vélos et le matériel et nous partons pour 5 heures de route en direction du col de Tisi In Ilini. Il est 16h quand nous attaquons la 1ère descente sur un single magnifique, après un accès en pur freeride. Nous rejoignons Saïd et le 4X4 en fond de vallée pour remonter en 3/4h jusqu’au col de Tisi In Ilini proprement dit. De là, nous plongeons dans la dernière descente de 13 km et 1000 m de D-. D’abord en mode freeride, nous enchaînons par un beau single de fond de vallon avant de finir en vrac dans l’oued et ses blocs de pierre, en mode survie... en effet, la fatigue aidant, chacun y va de sa petite chute jusqu’à Bruno qui se béquillera sévèrement. Il fait nuit noire depuis 30 mn lorsque nous atteignons Zaouia Ar Ansal et le gîte, bien fatigués. Une sacrée première journée, de Marrakech jusqu’à ce gîte des plus rustiques (et chaleureux !) qui se conclura par une nuit comateuse.
Le lendemain, nous commençons la journée par une séance de mécanique et d’entretien, sous un soleil éclatant. Nous sommes entrés de plain pied dans ce raid et la perspective de cette 1ère journée complète sur le vélo met tout le monde de bonne humeur. Bruno souffre de sa cuisse mais mise sur l’échauffement pour rester dans le groupe plutôt que dans le 4x4. Saïd nous annonce une heure de véhicule, puis une petite heure de portage pour gagner un col et plonger dans une longue descente vers la vallée et Imilchil où se trouve le prochain gîte. Ca a l’air relax et nous prenons tout notre temps, marquant même une pause face à la célèbre Cathédrale, haut lieu de l’escalade et du base jump. Nous arrivons à pied d’oeuvre aux alentours de 11h00 et il fait déjà une chaleur étoufante. L’ascension se déroulant sur un versant sud, nous nous préparons à avoir chaud, heureusement que la montée est prévue courte... Hélas, entre la prévision et la réalité, l’écart est du simple au triple ! Près de 3 heures seront nécessaires pour faire les quelques 1000 mètres de dénivelée avec nos lourds vélos en permanence sur le dos. Il fait une chaleur épouvantable et pour ma part, je supporte péniblement la combinaison vélo + mon énorme sac à dos de caméra. Lorsque nous faisons la pause de midi, nous ne sommes pas encore au col. La fatigue est déjà sur tous les visages et surtout, nous arrivons déjà au bout de nos réserves d’eau... Optimistes, nous pensons qu’il ne nous reste que de la descente et que ça ira...
Hélas, il nous faut encore une petite heure pour accéder au point haut du parcours. Je commence à avoir des crampes et le dos en vrac. Et quand nous découvrons la gigantesque face dans laquelle nous allons devoir descendre, très raide et caillouteuse, nous comprenons que nous ne sommes pas au bout de nos peines... Elle se révèlera finalement pas si dure que cela mais nous sommes dans un tel état de déshydratation et de fatigue que nous descendons avec la plus grande prudence. Une blessure sérieuse ici peut se révéler dramatique tant nous sommes isolés de tout moyen de communication et de secours. Au fil de la descente, le terrain s’adoucit et la température baisse en cette fin d’après midi. La belle lumière nous incite même à faire quelques images. De toute façon, nous sommes convaincus de la fin proche du calvaire puisque Saïd et le 4x4 nous attendent en principe au pied de la descente.
Au premier village que nous croisons, nous usons de l’hospitalité naturelle des habitants pour boire un verre de thé (surtout pas d’eau, malheureusement...) et nous reposer dans la fraîcheur de la pièce de vie. Nous y resterons près d’une heure, un peu hagards, soulagés mais pas vraiment retapés par ces quelques décilitres de thé. Nous remontons sur les bikes pour enquiller un single enfin roulant, traversant des champs cultivés au soleil couchant qui donneront quelques unes des plus belles images du raid. Enfin, par un long et beau sentier en balcon, nous atteignons enfin le fond de vallée où coule un torrent impétueux. Pas de Saïd et pour l’attendre, nous goûtons avec délice le plaisir d’un bain dans l’eau fraîche. Mais au bout d’une heure, la nuit approchant, il faut se résoudre à repartir car Saïd n’est toujours pas là...
Notre guide Mohamed nous annonce qu’il faut remonter la vallée en suivant la piste et que le village se trouve à 11 km... 11 km de piste en sable et cailloux, alternant courtes descentes et longues montées, voilà un programme qui n’enthousiasme personne... mais le bain nous a fait du bien et nous repartons. Mohammed annonce qu’il part devant (il a une condition physique assez impressionnante) pour essayer de trouver Saïd. Stefan, Max et Bruno partent également devant, espérant boucler rapidement les 11 km. Dom et moi restons en arrière, plus atteints que les autres. Le groupe se dissémine, ce qui n’est certainement pas une bonne chose, mais sur une aussi courte distance, cela ne devrait pas poser de problème.
Oui mais voilà, les heures vont une nouvelle fois défiler et l’incompréhension s’installer. Dom et moi commençons à nous sentir sérieusement mal. J’ai très mal au niveau des reins et à la tête, des nausées et je commence à m’interroger sur d’éventuelles séquelles de la déshydratation de l’organisme. Il fait nuit noire et la situation devient surréaliste : morts de soif mais avec le bruit du torrent qui rugit à côté de nous, fatigués à l’extrême. Nous mesurons cruellement la valeur d’un simple petit litre d’eau et ces quelques heures de souffrance bouleversent notre sens occidental des valeurs. Heureusement, l’expérience se termine sans dommage à 22h30, dans le halo des phares du Land que nous regardons hagards, dans un mélange de colère et de soulagement...
Après une petite explication de gravure avec les guides, nous décidons d’une matinée de repos et d’un après-midi consacré à l’image sur les hauteurs du village où nous logeons. Car les étapes de gladiateurs, en plus d’être des épreuves, sont également fort peu propices à la réalisation des clichés et prises de vue que nous sommes venus faire en tout premier lieu.
La matinée consacrée au farniente et après un bon repas et une grosse sieste, nous rassemblons nos affaires et notre courage pour partir shooter. Stefan et moi avons repéré une belle butte au dessus de la rivière, en face du village, qui combine à la fois un beau vallon de sable, une superbe arête aérienne en rocher sur son flanc gauche et une jolie face en dalle de pierre. Nous y enchaînerons les jolis plans, Dom et Bruno trouvant les ressources pour enchaîner les runs, bien aidés par Max le sherpa qui, en plus de trimbaler le matériel collectif, aide à remonter les vélos. Au fur et à mesure que les images sont engrangées, rassurant les professionnels que nous sommes, l’ambiance se détend. Mais il était écrit qu’à chaque jour sa galère...
La lumière commence à baisser sérieusement en cette fin d’après midi, nous songeons à rentrer tout comme les nombreux marocains et leurs mules, de retour du souk. Je propose un dernier plan d’ensemble de la descente vers le village, shooté de loin depuis le versant d’en face. Le temps de me mettre en place et nos deux riders s’élancent dans l’étroit sentier qui zigzague dans la pente sablonneuse et raide. Et comme c’était quasi-inévitable, ils croisent une mule lourdement chargée et emmenée par un jeune garçon. Bien sûr, Dom et Bruno s’arrêtent bien en amont et libèrent le sentier, mais malgré leurs précautions, la mule prend peur et fait un écart fatal qui la précipitera dans la pente. J’assiste alors au triste spectacle d’une mule enchaînant les saltos, éparpillant son chargement, spectacle heureusement atténué par l’effet comique d’un Dom qui s’est élancé à sa poursuite et tente d’enrayer la chute ! Pastèques et bouteille de gaz débaroulent la pente et la mule finit par s’immobiliser, quasiment dans les bras de Dom qui lui murmure des mots doux à l’oreille pour la calmer...
Finalement plus de peur que de mal mais la popularité des occidentaux n’a peut être pas progressée sur ce coup là ! Pourtant, nous n’avons rien à nous reprocher, le respect des personnes rencontrées sur les sentiers, au Maroc comme ailleurs, étant une préoccupation constante pour toute l’équipe. Néanmoins et pour consoler le garçon, nous lui donnons 10 euros pour compenser les dégâts.
Nous rentrons au gîte pour une deuxième soirée où nous finissons de nous retaper avec un couscous tout simplement fabuleux. Nous sommes prêts à repartir à l’assaut des sommets de l’Atlas et à nous en remettre à nos guides, non sans appréhension... Mohammed nous rassure : l’étape du lendemain, il l’a déjà faite en vélo, contrairement aux précédentes (ah bon ?!). Et c’est faisable, il y a à peine une ou deux heures de roulage puis une heure de portage pour atteindre le sommet (aïe, ça rappelle des souvenirs...). Mais c’est magnifique paraît il...
(à suivre début janvier, avec la vidéo !)
Ce reportage est une coproduction 26in.fr / 1628films / stefan Neuhauser / Saïd Mountain Bike.
Le Portfolio signé Stefan Neuhauser
7 Commentaires
Hate de voir la suite ;D
Pauvre mule
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Vite, vite la suite!!
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