Razor Snowbike de Châtel, témoignage autocritique romancé d’un millésime
2010 … imbibé mais heureux. Par Bruno Laval et Thomas Di Litta - riders.
Razor Snowbike de Châtel, témoignage autocritique romancé d’un millésime
2010 … imbibé mais heureux. Par Bruno Laval et Thomas Di Litta - riders.
Les grosses gouttes qui claquent sur le plexiglass de la télécabine du Linga ne laissent planer aucun doute : le derby 2010 qui inaugure les 3 Style Days sera arrosé… Le premier mur emprunté pour rejoindre la zone de départ confirme le funeste pronostic : malgré les efforts déployés pour sentir le point d’équilibre - vous savez, le fameux situé entre le plantage de roue avant pourvoyeur d’OTB et la position du pousseur de bob à 4 peu payante cinétiquement parlant – c’est dans une position proche du crapaud escaladant une boîte d’allumettes que je rallie le start et son chef d’orchestre le Sieur Seb Giraldi. Pas d’affolement, vous allez vous traîner sur le bas du parcours qu’il nous dit le gentil monsieur… la suite lui donnera raison au bougre !
Un bref coup d’œil quelques mètres plus bas, au moment où la pente s’incline gentiment (une piste bleue rougeoyante à vue de pif) pour vous aspirer dans un tourbillon de vitesse qui me fera dépasser en un clin d’œil tous mes poursuivants dans un nuage de poudreuse et … bon je m’enflamme là !!! Reprenons : un bref coup d’œil donc pour placer le clou dans une position pseudo stratégique censée favoriser l’envol (pour s’envoler, ça c’est sûr, tu vas voler …), un calage de chaîne sur « 38 /milieu de cassette » et un pipi de la peur malgré une certaine accoutumance à fouler des crampons le matériau cristallin et ouaté (j’habite à l’Alpe d’Huez, je vais quand même pas mollir maintenant !), et les neuf heures sonnent au clocher, bien bas dans la vallée…
Un briefing concis sous les rafales de pluie et c’est dans le tumulte turbineux de l’Ecureuil du SAF que Sébastien lance la meute des 82 riders, le sourire amusé de « celui qui sait » à la commissure des lèvres… le fourbe ! En moins de 100 mètres, la messe est dite : les avions de chasse (ceux avec moins de 65° de chasse justement, suivez mon regard) enflamment la piste et filent bon train vers le bas de la station, laissant à l’arrière les communs des mortels aux prises avec un rideau d’ornières plus ou moins rectilignes (c'est-à-dire plus ou moins perpendiculaires à la ligne de pente pour ceux qui suivent encore).
Verdun, Beyrouth, Bagdad … les métaphores guerrières klaxonnent sous mon casque à la vue du champ de bataille qui défile (certes à une vitesse toute relative) sous mes Swampthing : 100 mètres donc et un constat tout aussi implacable que la ruque* qui m’assaille le neurone survivant : T’ES MAUVAIS MON GARS !!! Pas d’affolement, tu le savais déjà me dis-je dans un sursaut de clairvoyance salutaire, concentres-toi plutôt sur le flow du ride, mec ! C’est moins pénétré par cette devise qu’épisodiquement par ma selle à l’occasion des ruades incontrôlées de mon destrier des temps modernes que les portes rouges et bleues s’enchaînent jusqu’à apercevoir le front de neige, au loin.
Quelques (doux euphémisme) glissades, pelles, errements fautifs et autres embardées plus tard, dans un style que ne renierait pas mon idole Ghislain Lambert agonisant dans la bosse finale d’un obscur critérium belge, la ligne d’arrivée est enfin franchie devant un public mi goguenard, mi stupéfait de voir cette poignée de preux chevaliers en finir sous un pâle soleil, les pieds pataugeant dans une brassée de grains ronds sans cohésion aucune …
La cohésion de la neige, justement, l’équipe de Châtel l’assurera à grands renforts de sel sur les trajectoires aux courageux qualifiés pour le 4X post matinal, mais ceci est une affaire de spécialistes : Thomas, à toi le micro !
Merci Bruno. Tout le plaisir est pour moi !
4X pluvieux, 4X heureux ! Ça aurait pu être l’adage du jour mais personnellement j’ai du mal à y croire tout comme la plupart des autres pilotes! Bien calé à la buvette, un vin chaud à la main (offert par l’organisation), je me remets doucement de mon derby. Je ne vous cache pas que les impressions sur la suite des événements vont bon train. Et pour beaucoup l’annulation est la seule alternative. L’idée de se faire un Four Cyclo-cross ne nous enjoue pas plus que ça. Mais c’est sans compter sur la détermination de Sieur Giraldi et sa troupe. Au loin, on les voit s’affairer sous la pluie à saler et lisser la piste tant bien que mal alors que nous, égoïste que nous sommes, préférons ripailler en attendant l’ultime décision.
Une décision qui ne se fit pas attendre longtemps mais pas celle que l’on espérait : « Les gars il va falloir y aller ! Tout est prêt pour le spectacle ! » On abandonne nos godets et on monte notre cher destrier.
Première difficulté et pas des moindres: le téléski. Il se révèle vite comme la bête noire de certains concurrents. Pourtant, il suffit de reprendre les mêmes techniques de pilotage qu’au Derby mais à la montée cette fois-ci. Plus facile à dire qu’à faire. Et bon nombre se retrouve étalé sur le bas coté comme s’ils n’en avaient pas eu assez depuis le début de la journée.
J’arrive au sommet tant bien que mal et c’est avec étonnement que j’effectue mes premiers tours de roue. La piste est béton !!! Le sel ayant fait son effet, il a rendu le tracé exploitable dans sa totalité. Fini les odes à Ghislain Lambert (mon idole aussi !). On va enfin pouvoir s’amuser et faire parler le pilotage! Surtout que le parcours s’avère plutôt joueur et rapide. Au vu de la météo des derniers jours, les organisateurs avaient prévu le coup en traçant quelque chose de plus fluide que l’an passé. Fini les grands virages à 180°, place à la vélocité, aux grandes courbes et même aux sauts. Il va falloir que je fasse preuve de gros cœur et d’engagement pour arriver à mes fins et éliminer mes adversaires un à un (ou deux par deux comme vous voulez !).Surtout que des clients il y en a cette année. Dans le listing de départ, on peut lire des noms comme Paccard, Kurtz, Ruffin, Poilane, Di Pasquale et j’en passe. Autant le derby s’est révélé un combat contre moi même autant là il faut que je me batte au corps à corps contre la concurrence pour que je reste dans course.
Dans l’aire de départ, il y a foule et certaines des 16 poules de qualif regroupent même 5 riders ! Tout le monde espère être présent pour le tour suivant et rouler le plus possible sur cette superbe piste malgré la pluie qui continue de tomber. L’idée du vin chaud à la buvette est désormais révolue.
Quand je m’aligne sur le start de mon premier run, je découvre enfin mes adversaires, la tension est palpable. A ma droite, il y a un certain Thibault Ruffin futur vainqueur du 4X. C’est un peu quitte ou double pour moi. Si j’arrive à me qualifier, je partirais sur des bonnes bases pour le reste de la compèt’ sinon c’est retour à l’envoyeur. Seb Giraldi donne le départ et dès les premiers coups de pédales, je prends la roue de Thibault pour ne plus la lâcher jusqu’à l’arrivée. Il me montre la voie à suivre. Le tour est joué et je passe au niveau supérieur et ce, jusqu'en demi-finale !
Le temps n’a pas été avec nous il est vrai. La pluie en montagne l’hiver, il y a mieux surtout quand on organise une course de Mountain Bike sur neige. Mais ce samedi 20 mars Châtel a su faire preuve d’une organisation irréprochable et d’une motivation hors norme pour proposer un événement désormais incontournable et ce malgré les conditions. Moi le premier, j’en suis reparti avec le sourire aux lèvres alors que tout prédisait l’inverse.
N’est ce pas Bruno ?
En effet ! Bravo les jeunes … et les autres ! J’en ai bavé mais promis, juré … je reviendrai aussi ! Un grand merci à toute l’équipe de Châtel Tourisme pour la gentillesse de leur accueil et leur professionnalisme.
Bruno & Thomas.
*synonyme de tambourne, rage, colère, fureur.
Classements
Derby : 1er Clément Benoit en 7’44’’, 2ème Nils Verniol en 8’36’’, 3ème Nicolas Marquis en 8’54’’, 4ème Florent Poilane en 9’05’’, 5ème Alexis Bottin en 9’22’’, 6ème Yohann Paccard en 9’37’’, 7ème Cyril Kurtz en 9’56’’, 8ème Charly Di Pasquale en 10’20’’
4X : 1er Thibaut Ruffin, 2ème Charly Di Pasquale, 3ème Yohann Paccard, 4ème Cyrille Kurtz, 5ème Gaétan Rufin, 6ème Alexis Bottin, 7ème Amaël Donnet, 8ème Thomas Di Litta
Général RazorSnowbike : 1er Yohann Paccard, 2ème Charly Di Pasquale, 3ème Cyril Kurtz , 4ème Alexis Bottin, 5ème Thomas di Litta, 6ème Thibault Ruffin, 7ème Amaël Donnet, 8ème Gaëtan Ruffin
3 Commentaires
certain rideurs , on tout de meme du se retrouver sur le cul , rien de plus normal
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