Nous y voilà ! Nous sommes heureux de pouvoir enfin vous présenter le premier épisode de la série « Stones Riders ». L’accouchement a été difficile ! Entre la météo capricieuse du printemps et ce foutu dos qui m’a dit « STOP », on aura eu du mal à le tourner…
Nous y voilà ! Nous sommes heureux de pouvoir enfin vous présenter le premier épisode de la série « Stones Riders ». L’accouchement a été difficile ! Entre la météo capricieuse du printemps et ce foutu dos qui m’a dit « STOP », on aura eu du mal à le tourner…
Nous y voilà ! Nous sommes heureux de pouvoir enfin vous présenter le premier épisode de la série « Stones Riders ». L’accouchement a été difficile ! Entre la météo capricieuse du printemps et ce foutu dos qui m’a dit « STOP », on aura eu du mal à le tourner… Plutôt que d’attendre de savoir quand je pourrais enfin remonter sur un bike, nous avons décidé de se réorganiser ! Du coup, deux caméramans (dont un inexpérimenté…) pour un seul rider ! La classe façon grosse production !
Tout ça devenait assez compliqué à gérer, donc pour ce premier épisode, on s’est un peu simplifié la vie en débutant notre série par les calcaires. Bon, je sais, ce n’est pas très original mais vivant à Chambéry (Savoie) et ayant des beaux-parents en Ardèche, je suis encerclé de roches calcaires… Et honnêtement, chaque matin, chaque soir, quand je regarde le Dent du Chat depuis mon balcon, je me dis qu’il y a pire comme paysage !
En France, niveau roches calcaires, on est gâté ! On en trouve dans quasiment toutes les régions hormis en Bretagne, Vosges, Massif Central et Corse, où les roches granitiques / gréseuses sont majoritaires.
Les paysages calcaires peuvent prendre des formes très diverses. Cela va des massifs du Sud de la France, pauvre en végétation et ultra cassant, que tous les amateurs de la Transvésubienne connaissent, aux falaises vertigineuses de Normandie, en passant par les immenses champs d’éboulis du Dévoluy ou par les plaines de la Beauce beaucoup moins fun à rider… L’Ariège dans les Pyrénées ainsi que le bassin parisien sont également des zones calcaires.
Le Mollard Noir et la Dent du Chat – Deux sommets calcaires au dessus de la mer de nuage - Savoie
Difficile d’imaginer qu’à l’origine de tout ça, il y a la mer ou, plus exactement, des milliards d’organismes vivants dans des eaux chaudes, oxygénées et peu profondes. Et oui, lorsque l’on ride à plus de 2000m d’altitude dans le massif de la Chartreuse par exemple, on a peine à croire que l’on roule sur des carapaces d’organismes marins, le plus souvent microscopiques, déposés au fond d’une mer, il y a plusieurs millions d’années… Il pouvait également s’agir de zones ressemblant aux barrières de corail que l’on observe actuellement dans certaines zones du monde. On est donc loin du paysage actuel de nos montagnes !!!
Pourtant, si vous regardez bien le sol durant les portages interminables menant aux sommets, vous pouvez parfois observer des fossiles d’huitres, d’ammonites, etc. rappelant l’origine marine de cette roche. Ces débris s’accumulent sous forme de couches au fond de la mer. C’est la sédimentation.
A l’échelle géologique, les variations climatiques sont fréquentes et les conditions de sédimentation peuvent varier. Durant certaines périodes, les conditions étaient moins favorables aux développent des organismes vivants et l’érosion des continents était plus marquée apportant ainsi des quantités important de matériaux argileux vers les fonds marins. En fonction de la proportion du mélange calcaire / argile, on obtient, pour simplifier, soit un mélange qui donnera des calcaires (95% calcaire, 5 % argile) au des marnes (50% calcaire, 50 % argile) en passant par une variété de marno-clacaires.
Fossile d’ammonite sur un sentier – Isère Massif de la Chartreuse
Après plusieurs millions d’années, cela donne un empilement de couches, de composition et d’épaisseur variables, formant des strates qui progressivement se consolident sous l’effet de l’augmentation de la pression. On parle alors de roches sédimentaires. Les strates les plus profondes sont les plus vielles alors que les strates superficielles sont les plus récentes et non consolidées.
Bon, j’espère ne pas vous avoir perdu mais ce point était important pour comprendre les spots que vous rider ! La suite sera plus rapide…
Vous avez surement tous entendu parler de la tectonique des plaques ! Heureusement qu’elle existe car sans elle, ces belles roches calcaires seraient resté sagement au fond de la mer !
Pour faire simple, lorsqu’une petite plaque détachée de l’Afrique décide de converger vers la plaque d’Europe du Nord, il y a 70 millions d’années, deux continents font finir par rentrer en collision. Un soulèvement des roches situées dans ce secteur se produit, ce qui conduit à la formation d’un relief nommé aujourd’hui « Les Alpes ». Vu du ciel, c’est la « botte de l’Italie » qui rentre dans la France, la Suisse, l’Autriche, la Slovénie pour former un relief en forme d’arc (l’arc alpin). Les séismes survenus récemment montrent que ce processus est toujours actif.
Les roches formées au fond de la mer se retrouvent alors à l’air libre après avoir subi des déformations en tout genre (plissement, fractures, etc.) ou des déplacements sur de longues distances. Toutefois, les sommets des massifs calcaires formant la couronne externe des Alpes (Bornes, Bauges, Chartreuse, Vercors, Dévoluy, …) présentent une structure plutôt tabulaire, avec des grands plateaux calcaires localement plissés.
C’est à partir de là que l’érosion peut commencer à « shapper » notre terrain de jeu !!!!
Le massif du Revard, premier rempart du massif des Bauges. Son plateau sommital accueille la station de ski de fond de la Feclaz/ le Revard et le départ de plusieurs sentiers avec plus de 1000 m de dénivellé négatif pour le plus grand bonheur des VTTistes - Savoie
Pour faire un peu de mauvaise fois, nos tétines super tacky et nos disques de 200mm sont des petits joueurs en termes d’érosion à comparer aux éléments naturels… Ceci dit, c’est de la mauvaise fois, et ce n’est pas une raison pour faire des dérapages intempestifs ou rouler comme des sauvages hors des sentiers !!!
Cela va vous paraître une évidence, mais le premier élément de compréhension des paysages est que plus une roche est dure, plus elle est résistante à l’érosion. Ainsi, les strates calcaires se retrouvent en relief ou forment des falaises plus ou moins hautes en fonction de l’épaisseur de la strate, alors que les strates marneuses, beaucoup plus friables, sont plus facilement érodées et forment des vires plus ou moins étroites, pour le plus grand bonheur des VTTistes ascendant chamois !
States calcaires formant les falaises et strates marneuses formant les vires accueillant les sentiers - Massif de la Chartreuse - Isère
En France, les agents principaux de l’érosion sont l’eau, la végétation, le gel/dégel et les glaciers. On comprend donc tout de suite que pour la même nature de roche, on obtient des paysages différents sous un climat montagnard comme en Savoie ou sous un climat méditerranéen comme en Ardèche…
Dans les Alpes du Nord, les reliefs ont été façonnés par des glaciers géants durant les dernières périodes glacières. Il faut savoir que même l’emplacement actuel de la ville de Lyon était sous les glaces !!! Ces glaciers ont creusés de larges vallées entrecoupées par des lignes de sommet. Suite au retrait des glaciers, l’évolution du paysage s’est poursuivie et continue encore aujourd’hui.
Les conditions climatiques actuelles favorisent les phénomènes de gel/dégel en raison d’importants écarts de température, notamment en hiver, dans les versants ensoleillés. Sous l’action du gel, l’eau infiltrée dans les fissures (ou entre les strates), gonfle et provoque l’éclatement de la roche.
Bloc fendu en deux suite aux cycles de gel/dégel - Massif du Vercors - Isère
Ce phénomène est à l’origine de la fracturation superficielle du rocher et de la formation des pierriers au pied des falaises. Généralement, les précipitations sont relativement importantes. Les calcaires étant solubles au contact des eaux chargées en CO2, le ruissellement de l’eau sur les dalles, l’infiltration dans les fissures, les nombreux cours d’eau, entrainent la formation de diverses formes géologiques typique des massifs calcaires ; grottes, canyons ou lapiaz (photo ci-contre) rendant le ride impossible à moins d’être un adepte des parcours trialisant extrêmes.
Enfin, les conditions climatiques des Alpes du Nord favorisent le développement d’une végétation abondantes (prairies, forêts, et). Cette végétation joue un rôle important dans l’altération des roches calcaires par un double mécanisme. Les racines se développent dans les fissures et les « ouvrent » progressivement. Par ailleurs, des composés chimiques, favorisant les phénomènes de dissolution, sont libérés dans l’environnement. Cette altération des calcaires provoquent la libération des particules argileuses présentent dans ces roches d’où la formation d’un sol qui devient bien « gras » après un épisode pluvieux.
Entre les racines, les dalles polies par les passages répétées et cette terre qui devient une vraie patinoire quand elle est humide, on obtient des sentiers extrêmement piégeurs dans les conditions automnales…
Dans les paysages calcaires sous influence climatique méditerranéenne (ex : Ardèche), l’action principale de l’érosion est celle de l’eau, et plus particulièrement des cours d’eau. Ici, il n’y a pas eu de glacier pendant les dernières périodes glacières. Les plateaux calcaires ont donc été uniquement entaillés par les cours d’eau, formant alors des vallées souvent étroites et très encaissées.
Enfin, les précipitions limitées (bien que parfois extrêmement intenses), ne permettent pas la formation d’une végétation dense et d’un sol épais. On se retrouve donc le plus souvent à rider sur des sentiers très caillouteux, sans terre et extrêmement cassants. C’est un régal à rider à toutes les saisons sans avoir à décrotter son bike pendant deux heures derrière, mais il est indispensable de prévoir un bon stock de chambres et pneus de rechange car il n’est pas rare de découper une carcasse sur une pierre bien saillante, et cela, même en double ply !!!!
J’espère ne pas avoir été trop long et que vous serrez impatient de suivre le prochain épisode des « Stones Riders » qui sera sur les roches marneuses et les roches schisteuses. Si la série marche bien, on pourra envisager l’année prochaine de vous parler d’un type de roches particulier relativement proche des roches calcaires : la dolomie. Ce nom doit vous rappeler une magnifique région des Alpes…
Mais pour le moment, place au ride, place à la vidéo !!!
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