... il y avait des 3 groupes de riders en Colombie Britannique qui ont décidé de briser les règles et tenter ce qui paraissait impossible, de chambouler le statut quo, de redéfinir les limites, de changer à jamais l'approche du vélo et surtout de poser les fondations d'un sport qui influence des millions de VTTistes aujourd'hui.
Regardez le trailer à voir, lisez l'interview de Darcy Turenne, la réalisatrice, et découvrez notre analyse !
26in - Depuis combien de temps ce projet est dans les tuyaux ?
Darcy Turenne - De l'idée à la réalisation complète de ce projet il m'a fallu 2 ans et demi. J'ai terminé le montage début décembre 2017. Mais en réalité un projet de film ne commence qu'une fois qu'il sort sur les écrans ! La route est encore longue. (rires)
26in - La plupart des images oldschool que l'on voit proviennent d'un moyen-métrage qui s'appelle "Pulp Traction" commandé par Specialized à l'époque, tu confirmes ? Est-ce que "The Moment" tourne tout autour de ce film ?
D.T - Oui c'est ça. Il y a des images d'archives tirées de "Pulp Traction". Ce film a été un des premiers à documenter le freeride à grande échelle. Mais j'ai aussi utilisé des séquences des 5 premiers volets de Kranked et surtout des images du making-off que Bjorn Enga a faites durant le premier opus. Il a d'ailleurs re-découvert ces images du tournage car elles croupissaient au fond des cartons...!
26in - A propos de Pulp Traction, corrige-nous si on se trompe, ce film a été commandé par Specialized (qui était très proche de l'IMBA*), mais en visionnant les images ils ont refusé de les diffuser parce qu'on voyait des types à vélo faire voler des cailloux, de la terre et détruire les VTT... Du coup Pulp Traction n'a jamais vraiment été montré... jusqu'à maintenant !
D.T - C'est ça, à quelques détails près. C'est une longue histoire avec des rebondissements. Mais dans les grandes lignes c'est la version que Greg Stump, le réalisateur de Pulp Traction, raconte depuis 20 ans. Et toutes les personnes du monde du vélo à qui nous avons posé la question disaient la même chose. Mais nous avons découvert après coup que Greg avait réédité un poil la version pour plaire à l'IMBA et Specialized. Ce moyen-métrage a été diffusé parmi les revendeurs Specialized mais pas pour le grand public. La cassette (et oui...) a été copiée et diffusée dans le petit monde du VTT et est devenue un classique culte pour le cercle des freeriders.
26in - En parlant de freeriders, à ton avis sommes-nous aujourd'hui loin de ce qu'était le Freeride à ses origines, un mouvement quelque peu anarchiste et révolutionnaire ?
D.T - Je pense qu'aujourd'hui on est à la fois très loin et très proche de ce que c'était. Le "Freeride" aujourd'hui a l'air de vouloir constamment être quantifié. Les compétitions, les classements, les "World Tours" et toutes ces étiquettes rendent l'idée même de rouler libre obsolète par rapport à ce que les pionniers du freeride avaient en tête. Aujourd'hui le Freeride est jugé et classé. Beaucoup de ces pionnier.e.s que ce soient des athlètes ou des personnes du monde du VTT sont attristés de voir les choses aller dans cette direction.
Mais en même temps, il y a un tel foisonnement de contenu "freeride" sur internet aujourd'hui. Et je crois que cela crée une émulsion, que ça booste la créativité des riders et cela est non sans rappeler l'esprit rebelle des débuts.
26in- Pour finir, y a-t-il quelque chose que tu voudrais dire à nos lecteurs et lectrices ?
D.T - Durant les quelques interviews que j'ai faites avec les "FroRiders" (groupe de pionnier.e.s composé de Brett Tipie, Wade Simmons, Richie Schley, Carys Evans & Daamiann Skelton), ils disaient vouloir aller rouler en France parce qu'il y avait des riders de folie. J'imagine donc qu'en même temps que la Colombie Britannique voyait ses premiers "shore", il y avait une scène freeride qui se développait mais qui malheureusement n'a pas été aussi bien documentée qu'ici au Canada. Quoi qu'il en soit, c'est sympa de se dire qu'il y avait des pionniers à travers le monde !
(En français dans le texte) Oh, and merci for reading :)
*IMBA : International Mountain Bike Association - Association qui lutte pour la reconnaissance et la pratique du VTT à l'échelle mondiale.
L'affiche de Pulp Traction - inévitable ! Et à droite... Darcy Turenne dans ses oeuvres, elle n'est pas en reste lorsqu'il s'agit de donner un coup de guidon.
Nous regarderons le film le 3 avril et nous vous dirons ce qu'on en a pensé. En attendant, nous aimerions dire quelques mots, suite à la l'interview de Darcy Turenne.
Au cours de l'évolution des sports "hédonistes" ou "de glisse" (VTT, Surf, Snowboard, Ski...), nous avons l'impression qu'il a été impossible d'éviter les étiquetages, les classifications qui ont cassé le souffle révolutionnaire des débuts.
En VTT, à l'époque on pouvait plus facilement construire des "spots" sauvages, rouler un peu n'importe où. On transgressait les règles ; certains peut-être roulaient plus pour le plaisir de transgresser les règles que pour le plaisir du vélo ? Aujourd'hui force est de constater que tout est beaucoup plus surveillé, sanctionné. Alors pour pouvoir continuer à pratiquer sa passion, on se constitue en association, en club, en team afin légitimer la pratique et l'idéologie. Cette forme de légalisation passe par des classements, des notes : il faut rendre des résultats, montrer une certaine "utilité" et ceci tend à dénaturer l'esprit originel.
Le sport rebelle et anarchique dont personne ne voulait n'existe plus, la preuve en est, aujourd'hui, on retrouve des appellations "Freeride" un peu partout (marques, stations, média VTT...). C'est devenu un terme qui vend. Un peu comme les vêtements "sportwear" ou la voiture "sportive"... Il y a un temps où l'appellation "sport" n'était réservé qu'à ceux qui le pratiquait, mais il est aujourd'hui un fait social total, il est complètement ancré dans tous les aspects culturels de nos sociétés occidentales.
Cet esprit insubordonné est évaporé, mais peut-être, renait-il sous une autre forme...
...A chaque fois qu'on voit les vidéos des voisins anglais qui produisent "A slice of British Pie", on se dit que le "rouler libre" a encore de beaux jours devant lui. A chaque nouveau "stunt" de Danny MacAskill (genre foncer dans un panneau pour faire un frontflip) on pense que les limites sont loins d'être atteintes. Quand un Rheeder, Rogatkin ou Johansson nous sort un nouveau combo que même les jeux vidéos n'arrivent pas à reproduire on se dit "mais qu'est-ce qu'il vont nous sortir la prochaine fois ?"... A chaque Rampage on pense avoir tout vu, mais Cam Zink et McGazza nous donnent tort.
12 Commentaires
Et ensuite aller descendre les terrils en semie rigide ! Aujourd'hui je descends des pierriers en gros dh dans les Pyrénées.
Et notre asso' le Team No Mazout à pris comme slogan "Freeride team à la cool" et y rajoute un actuel "ride or die" pour rouler juste pour le plaisir, peu importe le niveau ou le matos.
Le freeride n'est pas mort et n'est pas non plus l'apanage du marketing!
Vivement le 03 avril pour se replonger dans le passé du Freeride et expliquer aux plus jeunes ou son leur racines...
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Une indication supplémentaire: Le Freeride est né sur la côte ouest, avec la culture des années 70 et l'esprit de la west coast, en opposition au vtt de course de cross country, des gens en lycra et de la culture route qui s'y rattachait.
Tu n'as rien compris.
Pour les nord américain, le mot Lycra utilisé de manière péjorative s'apparente au XC de compétition, l'impasse où s'etait engouffré le vtt dans les années 90.
Le Freeride était au début une idée informelle, un désir de changer la pratique et l'esprit du vtt. Les mecs n'allaient pas tout changer et tout inventer en même temps le premier jour. Ils ont fait du vélo différemment avec ce qu'ils avaient coutume d'utiliser.
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milieu des années 70 Avec des potes on faisait deja du vtt freeride et pas en amérique.des cadres de vélo de route montés avec des guidons relevés de mob,un mono plateau quelques vitesses derrieres,les pneux les plus gros que l'on trouvait,on laissait le dérailleur avant que l'on déformait pour qu'il passe au plus près de la chaine et roule.la plupart de nos cadres cassaient vers la douille de direction.ensuite nous sommes passés à la moto de cross ou d'enduro et pour pouvoir rouler correctement en moto on a redécouvert le vtt.ensuite seul le vtt est resté.les américains on apporté le coté "image" et engagé,issu du bmx.
toutes ces films et photos mon permis de progresser et se dire"ah ouai c'est faisable".maintenant vu mon grand age je roule toujours autant avec plaisir(dh,montagne,enduro)mais plus safe.
vive le vtt surtout en26
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Je pense qu'un vrai freerider, c'est avant tout quelqu'un qui va rouler pour son plaisir, sans se poser dix milles questions existentielles sur ses réglages de suspension, de pression de pneus... Car dès lors que l'on commence à passer du temps pour régler son vélo, alors c'est que l'on veut plus d'efficacité et donc si l'on suit la logique de Darcy Turenne, on entre alors dans une démarche de compétition, stricte opposé du freeride justement ^^
Pour conclure, je pense que ce terme n'a pas fini de faire parler (pour rien puisque l'on en est toujours au même point qu'il y a 20 ans), et que ce commentaire inutile est un brin d'herbe de plus dans la vaste prairie du vélo tout terrain.
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