Les FEST Series selon Nico Vink

On en sait peu à propos de ces Fest Series que le monde du VTT et le grand public ont découvert à travers ces vidéos hallucinantes de gars se mettant des tirs phénoménaux de plus de 20m sur des vélos. Nous avons donc souhaité rencontrer un des instigateurs de ce type de rassemblements pour voir directement avec lui de quoi il en retourne et notamment par rapport à SON event, le Loosefest !

Les gars sont partis d’un constat banal : tous les évènements que le monde du vélo proposait avant la création des Fest Series ne leur correspondaient pas. Ces riders qui voulaient repousser leurs limites avaient besoin d’autre chose, ils ont donc décider de créer eux même cet "autre chose". Cette lassitude des évènements classiques a généré une envie de rouler d’une façon que rien à l’époque ne pouvait sustenter. 

« On a donc décidé de créer nos propres trucs » 

Le Hillbilly Huck Fest de Makken en 2013 a donc été le premier, servant de base, de modèle, à tous les autres Fest créés. Le principe : Chacun chez soi, crée sa ligne, et invitent les riders. 

Au Loosefest, Nico a eu peu de sponsors au début, il a donc mit beaucoup de son temps dans la mise en place de l'évènement et la création du parcours. Depuis 3 ans, Monster et Looserider sont les principaux partenaires de l’événement. 

Au Fest, chaque rider se débrouille pour trouver ses sponsors pour organiser leur Fest, il n’existe pas un sponsor attitré pour la globalité des étapes. Et le sponsor s’y retrouve via un branding sur place, et via les images officielles de l’évènement. C'est vrai que visuellement, on préférerait avoir un spot vierge de tout logos, mais faut avouer que les blocs de mousse Monster sont nettement plus classe que la flopée d'oriflammes affreuses au Roc D'Azur.

Pour shapper le Loosefest, Nico avait différentes options de spots, notamment Royal Hills. Mais Jean David, le boss du bike park de Malmedy, était vraiment chaud pour faire quelque chose ici. Le Loosefest a donc vu le jour en Belgique, et le Royal Fest, un peu plus discret et sélectif, a vu le jour à Royal Hills.

« Jean David me laisse faire ce que je veux en gros. »

En échange, Nico crée des pistes sur le Bike park, attirant ainsi du monde à l’année.

Nico a mis en place cette année le "spectateur challenge", offrant une maigre consolation aux recalés de la grosse ligne. Un whip off a eu lieu sur une table au milieu du bike park. Et un petit step up permettait à tout le monde de se chauffer et de trickser, mais cela n'avait rien à voir avec la ligne principale. 

En ce qui concerne la ligne en elle-même, Nico estime à environs 4 mois de shape au total. Le gros step down a demandé vraiment beaucoup de temps, du fait de ses dimensions colossales. 

La terre pour toute la ligne vient des environs. Pour les trois premières bosses, 6 tracteurs ont tourné non stop pendant quelques jours afin d'amener suffisamment de terre. On ne compte pas les mètres cubes en Belgique !

Des petits ajustement ont toujours besoin d'être effectués, notamment d'une année sur l'autre. Mais globalement, la ligne roule très bien et est réglée.

La première année, personne n’a roulé la ligne avant l’évènement. Nico voulait le faire mais la mauvaise météo et un emploi du temps chargé l’en ont empêché. Les 3 premières sont toutefois passées correctement du premier coup (quel shapeur!). Des petites choses ont été modifiées pour que les bosses soient plus tranquilles à rouler, qu'il faille moins tirer et pomper, mais globalement tout s’est bien passé.

C’est Vinny-T qui s’est envoyé la première en premier ! Andreu ouvre les deux suivantes la première année. Pour le step down, tout le monde était un peu dubitatif, sauf Nico, il s’y est donc jeté le premier. Le dernier hip a été ouvert par Andreu dans sa première mouture, et cette année, dans sa version re-masterisée (bien plus grosse), c’est Tom Isted qui aura ouvert le bal.


Les motos ont bien aidé à ouvrir les bosses. Elles permettent de donner une impression et un ressenti, même si la vitesse est bien différente. Et de sacrées pointures viennent chaque année faire le spectacle : cette année étaient présent Edgar Torronteras et Tyler Bereman (venu directement après les X Games !)

"J'ai ajouté un kick plus loin de la troisième réception, comme ça les riders motos peuvent s'envoyer un peu plus si ils en ont envie !"

Au Loosefest, les motos font vraiment partie du show !

Plus généralement sur les riders des Fest, sorti du noyau dur, c’est un peu à la tête du client.. Ce que les principaux riders veulent avant tout, c’est tout ça reste "exclusif". Du coup, pas facile de voir émerger de nouvelles têtes, et encore moins de mettre en avant le talent du coin.

La prise de risque est une excuse facilement utilisée pour justifier de ne pas faire rouler telle ou telle personne. Facilement ouverte aux « amateurs » les années précédentes, la ligne de dirt du Loosefest était cette année réservée à une quinzaine de personnes. Cette décision à fait pas mal de déçus, des amateurs ayant fait le déplacement de loin en espérant pouvoir se mettre quelques bons tirs comme on en trouve nul part ailleurs. 

Avancée pour le sport ? Dégommage de rétine à chaque highlights ? Ou conglomérats de freeriders ayant trouvé la poule aux oeufs d'or ? Le Fest Series interroge à tous les niveaux. Il n'empêche que ces évènements nous manqueraient cruellement si ils n'existaient pas. 

A chaque étape un style de ride différent est proposé, un environnement différent est à découvrir. L'émulation entre les riders est plus que positive et ceux-ci sont de plus en plus enclins à repousser leur limites. 

Comme dans toutes les disciplines du MTB, les amateurs ++, semi pros roulant plus que correctement, sont mis en retrait et ont du mal à s'imposer dans ces manifestations de grandes envergures. L'absence de fédération, ou d'organisation concrète de ces évènements, donne l'impression d'une ouverture et d'une disponibilité pour ceux qui souhaitent se confronter aux pistes. Mais le Fest, fait par "les riders et pour les riders", est plutôt fait par "des riders et pour des riders".

Comme les coupes du monde le sont pour la DH, et les Diamond du FMD en slopestyle, le Fest est l'aboutissement pour des freeriders, qui eux ne disposent d'aucun moyen établi et nommé pour engranger points ou réputation pour participer à de tels évènements.

Chaque année les Fest Series s'étoffent de nouveaux spots et les plus anciens (comme le Loosefest) sont ré-utilisés. Les spectateurs (nous) peuvent donc déguster de nouvelles images et apprécier de nouvelles performances impressionnantes. Mais un gros saut sur un vélo reste un gros saut sur un vélo. Un sentiment de lassitude semble déjà être installé sur les épreuves anciennes où même si le shape a évolué pour les riders, un gros tir de 25m reste un gros tir de 25m pour le commun des mortels.

Que vont-ils pouvoir trouver de plus d'année en année pour que les sponsors continuent de les soutenir et pour que les spectateurs continuent à s'intéresser à ce format de "show" VTT ? Car on parle bien là de potes qui s'éclatent à rider ce dont ils ont envie et non d'un format de compétition réglementé et officiel. Une série TV comme le fait Travis Pastrana et son Nitro Circus ? Une série de démos retransmis en live ? On ne sait pas mais on a hâte de les voir continuer à montrer ce qu'il est possible de faire sur un gros vélo !