Si on vous dit qu’il existe quelque part en Suisse un pump track géant qui s’étale sur 5200m² et dont les lignes font un kilomètre de long, vous nous croyez ?
Attendez, ce n’est pas tout, si on vous dit que ce pump track est gratuit, libre d’accès (tous les jours), est roulable par temps humide, est à côté d’un skate park complètement dingue (qui raviera les trickseurs en tout genre), est à 5 min de la gare ferroviaire (oui pensons à ceux qui n’ont pas le permis !) et est accessible pour tous niveaux… vous nous croyez toujours ?
C’est ce que nous allons voir ! Laissez-moi vous raconter un samedi pas comme les autres.
Réveil samedi matin à 6h50, aïe ça pique… bon on ne va pas commencer à se plaindre non plus ! RDV à Orbey (en Alsace) à 7h30 avec toute la troupe de joyeux dirteurs !
Nous sommes 14 rideurs, donc 28 personnes (ben oui un vélo c’est une personne !), bref après un petit casse-tête logistique pour faire rentrer tous les vélos dans les voitures, on est prêt !
Merci Maxime pour ton véhicule de bucheron canadien, sans toi on aurait dû s’accrocher avec nos vélos derrière la voiture !
Direction Zurich en Suisse à 2h de route.
Nous n’en menions pas large sur la route car il pleuvait, la chaussée était bien humide. A moins d’un micro climat au-dessus du pumptrack de Zurich, les chances que ce soit mouillé étaient très fortes. Christopher fait remarquer que « au moins on aura de la place y’aura personne ! »
Il ne croyait pas si bien dire !
On arrive à Zurich, quelque tours de GPS plus tard on aperçoit notre destination. On se gare sur le parking du complexe sportif de l’autre côté de la route. On décharge tout, on traverse le skate park, on prend un petit tunnel et hop nous voilà sur le spot !
Premier constat :
C’est humide (mais il ne pleut plus) et y’a pas un chat. Tant que tu ne freines pas c’est largement bon, le grip est là. Tu comprends que les gars de Velosolutions GmbH ont eu une super idée, le béton ça sèche plus vite que la terre !! Certains sont très réticents à rouler sur du béton (bêh du béton, bêh c’est pas du vélo, bêh c’est moche etc etc) mais là je pense que pour ce spot c’est le revêtement qu’il fallait.
Deuxième constat (en français dans le texte) :
- « Mais putain on va où, c’est dans quel sens, on commence par quoi ? waaa on est perdus ! »
C’est immense, tu ne vois que des enchainements de lignes de partout, tout est connecté c’est un peu le ruban de möbius !
Troisième constat, après avoir fait un mass start sur la piste de BMX race pour s’échauffer on se dit :
- « ok, les gars, aujourd’hui on va pomper à mort ! »
Les lignes sont hyper bien conçues mais quand tu n’as pas l’habitude du pump track et des whoops ça fait bizarre au début, tu subis un peu.
Tu fais de l’hyperventilation quand tu finis ta ligne. Après avoir sorti les masques à oxygène, on essaye d’autres lignes. On trouve un enchainement vraiment sympathique qui au début se passe en mode cabré-posé (manual sur le dessus pour poser la roue avant dans la réception), dur d’enchainer les sauts. Mais assez vite au bout de 3-4 passages on arrive à enchainer les sauts et à trouver le bon flow.
Quel bonheur… quelle sensation de fluidité, tu ne fais qu’un avec ta machine. Tu commences à voir que les lignes sont infinies, tant que tu as du souffle tu peux continuer, il y a toujours un virage qui t’emmènera vers un enchaînement de whoops ou de bosses.
Voilà pour les trois constats après 30 minutes de ride. On a tout pour passer une sacrée journée de ride.
J’essaye la ligne des « grosses » avec un enchaînement de tables de 3-4m de long et 2m de haut, un vol moyen-courrier en somme. Il y’a 6 sauts tout droit avant d’arriver dans un énorme virage relevé qui nous ramène à notre point de départ en passant par une ligne de 6 whoops à sauter très ludiques. Les sauts sont de bonne taille mais il n’y a pas trop de place pour trickser, les réceptions sont courtes et l’enchainement, avec la bosse suivante, doit être vraiment bon pour sauter sans raccrocher.
On composera la journée de whip/table/x-up/motocross… le style pour le flow du rider et des yeux des copains rideurs !
C’est fou comme les sauts s’enchainent, pas un coup de pédale tout est fluide, le béton est sans accros… c’est une sensation unique que de rouler là-dessus ! Un des rares spot que j’ai roulé ou tu as l’impression de passer plus de temps en l’air que au sol ! Moi qui adore décoller les roues, je prends mon pied !
En fin de journée un rider local nous montre la voie pour un transfert qui nous amène dans une lessiveuse : tu atterris dans un virage qui te fait sauter pour enchainer sur un autre virage.
- « Waa, ooh, oulaaa, ça va trop viiite » ai-je dis lors du premier essai. C’est vraiment top comme sensation, par contre abdos obligatoire sous peine de finir écrasé ou de faire un tout droit dans le premier virage !
S’ensuivent des tchou-tchous diaboliques ! C’est assez bruyant les tchou-tchous… tout le monde crie : soit de joie, soit de peur en fonction de la distance qui le sépare de ses voisins !
On a eu droit aussi à plusieurs gags de refus de priorité à droite ! Rien de méchant ne vous inquiétez pas, mais puisque toutes les lignes se connectent et que tu peux choisir en cours de route ta direction, tu ne peux pas savoir si celui qui est parti y’a 30 secondes va se retrouver sur ton chemin !
En début d’après-midi, une petite partie de la troupe s’en va essayer le skate park qui se trouve juste de l’autre côté. Moi je préfère les enchainements de sauts. Mais après être allée voir de quoi est fait le skate park juste avant de partir, je me dis que j’aurai du essayer aussi. Je hais mon corps pour avoir des limites physiques ! Si seulement on pouvait rouler pendant 8h non-stop !
La session se finit assez brutalement, malheureusement. Nico chauffé à bloc balance des 3-6 sur un jump dont la réception est ridiculeusement petite et un poil de travers. Un premier essai passe.
Le deuxième par contre a eu raison de sa clavicule, la rotation était là mais il a glissé. Retour maison, direction hôpital… Bon rétablissement Nico ! Voit le bon côté, tu es tombé quand il s’est remis à pleuvoir !
De retour à Orbey on ne pense qu’à une chose … « on y retourne quand, les amis ? »
Velosolutions GmbH est une entreprise suisse spécialisée dans la réalisation de pump track et bikepark. On leur doit plusieurs belles réalisations, une petite trentaine de projet jusque là, vous pouvez aller les voir ici
http://www.velosolutions.ch/pumptracks/bikeanlage-zurich/
Notez que le bike park de Zurich fêtera ses 1 an le 25 mai prochain !
Le manager de Velosolutions GmbH n’est autre que Claudio Caluori, l’homme derrière le team Gstaad-Scott. Si Claudio s’entraine aussi souvent sur des pump-tracks je comprends maintenant pourquoi il arrive à nous faire des caméras embarquées commentées en live sur toutes les pistes de la coupe du monde de DH !!
Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de parler en non-stop tout en roulant, mais c’est vraiment galère !
Le projet du pumptrack de Zurich a germé 10 ans avant de devenir roulable ! Depuis 2003 les rideurs attachés au projet planchent avec la ville de Zurich pour mettre en place ce pump-track.
Il faisait partie à la base du projet du skatepark qui se trouve juste à côté. Une si longue mise en place s’explique par les soucis administratifs que posent la création de nouveaux aménagements (en milieu urbain comme en milieu montagneux). La ville de Zurich a tout pris en charge au niveau du budget et de la responsabilité. Autant vous dire que ce n’est pas une mince affaire.
Qu’à cela ne tienne, une fois les autorisations délivrées il a fallu 3 petits mois à l’équipe de Velosolutions GmbH pour shapper ce bijou.
Le choix du béton s’explique par la volonté des constructeurs et de la ville d’avoir une structure roulable 12 mois dans l’année ! Le béton permet aussi d’éviter d’avoir à re-shapper tout dès qu’il y a des pluies fortes et permet aux rideurs qui viennent se défouler le soir après le boulot de rouler immédiatement (plus besoin de shapper avant !).
Un choix que je trouve très cohérent dans la mesure où nous sommes dans une grande ville et, nous le savons tous, le citadin n’a pas de temps à perdre, ni de terre à ramener chez soi, ni de tuyau d’arrosage dans son jardin, ni d’endroit pour entreposer son matos de shappe.
Pareil pour les familles qui viennent avec leurs enfants pour s’initier au pilotage sur le petit pumptrack ! Vous avez déjà essayé de donner une pelle à un enfant ? (déjà faudrait-il qu’il la soulève !)
D’ailleurs ce dernier point reflète la philosophie de Claudio Caluori vis-à-vis de Velosolutions GmbH : Un pumptrack accessible pour tous les petits suisses, et au-delà des frontières suisses !
On sent que la ville de Zurich est prête à offrir à ses habitants de superbes infrastructures et une ville avec un espace public attrayant. La très petite balade qu’on a faite dans la ville lorsque le GPS cherchait sa ligne nous a fait découvrir une ville pleine de transports en commun (tram, bus, trolley bus, train), avec des boutiques hyper-sympathiques.
On a vu des casques de vélo en forme de tigre, requins, ours et compagnie ! On a aussi vu un shop avec un V-10 carbone et un Ibis Mojo en vitrine… Il doit y avoir des bons trails et pistes de DH dans le coin, non ? ?
Merci à Claudio pour avoir répondu à mes questions ( !). Merci à toute la bande pour sa bonne humeur, Merci à mes muscles d’avoir tenu le coup !
4 Commentaires
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@Guillaume Laurent
C'est clair qu'à Paris, les parks sont saturés et pour le vtt il n'y a pas grand chose. Le problème, c'est que comme indiqué dans l'article, ça prend énormément de temps pour prendre vraiment forme et ça décourage pas mal.
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merci pour les partage ça fait juste trop plaisir.
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