Escapade : Tour du Queyras

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Escapade : Tour du Queyras

"Pas de repos pour les braves"
article Escapade
Texte :
Remsdu95

Escapade

Une série pour vous écrite par vous : Escapade ! Du VTT, du vrai, à la conquête de chemins escarpés, de singles loin de tout et surtout à la recherche de l'aventure !

Après la superbe ascension du Mont Rinjani de Charlie, Remsdu95 (forumeur assidu) vous emmène faire un tour dans le Queyras, un incontournable pour les amoureux de VTT de montagne. 

Si vous aussi avez fait de belles Escapades, envoyez-nous un mail: redac@26in.fr

Le printemps pointe son nez, les vestes rentrent au placard et notre fine équipe pense au prochain trip annuel. Après une Transalpes et une visite des Highlands, cette année ce sera le Queyras. Pour des raisons d’emploi du temps on ne sera que 3, Racko, Steph et Rems (notre fidèle Remsdu95). La formule choisie est assez simple : un trip de 3 jours de ride en itinérance mi-Juin pour faire un tour du Queyras, on passe les nuits en gîtes et le ravitaillement se fera au gré des villages rencontrés afin de limiter le poids embarqué.

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JO (c'est parti)

Après presque 10 heures de route, on attaque les dernières épingles pour arriver sur un petit plateau entouré de beaux sommets où se trouve notre point de départ : Ceillac. La lumière du soir et l’air pur nous donnent un coup de fouet. Ça y est c’est parti, on a passé le point de non retour ! Racko arrive un peu plus tard avec son van et un pneu crevé qui nécessite une mèche (on est pas encore partis qu’il y a déjà de la casse...), on survole le parcours sur les cartes IGN autour de quelques bières rafraîchies au ruisseau et on se couche tôt car le programme du lendemain s’annonce costaud.

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J1 (mise en jambes)

Après une mise en route relativement rapide (on commence à avoir l’habitude) nous voilà partis sur une piste qui remonte tranquillement à fond de vallon le long d’une rivière. On discute de tout et de rien, le ciel est grand bleu et pas un nuage ne vient couvrir le soleil qui chauffe déjà bien. On quitte la piste pour attaquer un sentier GR et rapidement on s’élève au dessus de la vallée. Aucune grosse difficulté pour le moment mais la pente est déjà raide et le sommet nous paraît bien loin. Le problème vient plutôt de l’altitude, nos organismes n’y sont pas habitués et l’effort déclenche rapidement une sensation d’oppression. Soudain première alerte, le GPS annonce que l’on a quitté la trace. Pourtant nous n’avons passé aucun croisement. On aperçoit finalement un bout de single accroché à flanc de montagne dont le départ a disparu dans les alpages. Terminé les randonneurs qui nous encourageaient, nous voilà seuls au monde sur ce sentier en balcon ou les petits pins alternent avec les névés et quelques passages exposés où la chute est interdite. 

On finit par atteindre un petit col à 2300m d’où part la première descente du trip. Après une petite pause pour enfiler les protections c’est parti pour 800m de D- sur un single rapide à fond de vallon entrecoupé de belles épingles bien ouvertes. Le sol présente un mélange de racines et cailloux secs qui pimentent un peu le ride. A mi-descente c’est la première crevaison pour Steph, une mèche et ça repart. On attaque ensuite un sentier en balcon plus lisse et très rapide qui surplombe un ruisseau. Le sol recouvert d’épines et de pomme de pin donne la sensation de rouler crevé, autant dire que ça drifte vite des deux roues ! Puis nous voilà arrivés à Montbardon, un énorme sourire sur le visage.

On va ensuite attaquer une longue traversée sans intérêt sur de la piste 4x4. On en profite pour faire la pause repas sur une table un peu ombragée. Et puis rapidement on rejoint une autre piste qui annonce une nouvelle ascension de 800m jusqu’à un point de vue panoramique. En cours de route on s’arrête quelques instants pour bidouiller quelques réglages et Racko arrive à casser sa potence ! Après avoir appelé tous les magasins de sport de la région il faut se rendre à l’évidence. Soit ça tient, soit il nous faudra finir à deux. Finalement la potence tiendra, à condition de ne pas trop forcer et donc de rouler piano...

Une fois au sommet on profite du panorama pour nous reposer après plus d’une heure de grimpe au soleil. On attaque ensuite une longue portion de petites descentes savoureuses et de bons raidars. Le tout se passe entre prairie et forêt d’altitude. Après quelques kilomètres de ce régime on attaque la dernière descente, on débute par un sillon dans les alpages puis on arrive sur des épingles plutôt techniques et exposées sans devenir trop trialisantes pour autant.

Après ce dernier morceau de bravoure, nous voilà arrivés au fond de la vallée. Pour nous remettre de nos efforts on profite d’un torrent pour prendre un bon bain d’eau glacée avant de rejoindre le gîte à Saint-Verran (le plus haut village d’Europe). Notre hôte nous donne quelques précieux conseils pour la suite du parcours pendant que l’on déguste une bonne mousse bien méritée.

Bilan du J1 : 40km, 2200m de D+ et presque 9h (pauses comprises)

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J2 (le plus long)

7h30 le réveil sonne bien trop tôt, mais c’est le prix à payer pour ne pas risquer de finir à la frontale. Une fois le rituel du matin terminé (petit déj, préparation du vélo et des bagages) nous voilà sur le départ. L’avantage de dormir aussi haut est qu’on débute par une petite descente amusante sur des chemins qui disparaissent sous la végétation. La progression s’avère finalement assez lente puisqu’il faut régulièrement vérifier avec les cartes qu’on est bien sur le tracé. Une fois le fond de la vallée atteint, on attaque une côte ultra-raide où le poussage s’impose. A nouveau la descente s’avère bien complexe, les chemins qui disparaissent par moment étant mal indiqués sur la carte. En plus de nombreux filets délimitant des alpages provisoires nous ralentissent un peu plus. On finit tout de même par retrouver le fond de la vallée avec une bonne dose de fun. Rapidement on recommence à grimper bon train sur du beau single d’où on apercevra une dame blanche (une spécialité locale). Une minute d’inattention et nous voilà hors route, mais pas de problème à part un petit rab' de dénivelé on rejoint rapidement le bon chemin. Le terrain change un peu, finis les alpages et forêt alpines on attaque une belle trace en balcon recouverte d’épines bien sèches. On plonge ensuite dans la pente pour attaquer une section d’épingle absolument parfaite. La trace est rapide, ni trop simple ni trop technique, assez engagée sans être exposée, le flow est incroyable... Bref un pur moment de bonheur !

Arrivés en bas on se remet de nos émotions en réparant la crevaison de Steph (encore une ! ) puis on rejoint la ville d’Aiguilles. Il est midi passé et il va devenir critique de se ravitailler. Heureusement on trouvera une épicerie ouverte qui nous permettra un bon repas de produits locaux sur la place de la mairie. C’est bien connu, rien ne vaut une bonne grimpette en plein cagnard pour digérer. Après un bon bout de piste qui grimpe raide, on attaque du sentier en poussage. Je me plonge la tête dans un ruisseau pour me rafraîchir un peu, il faut dire que je supporte très mal la chaleur. Ensuite on avale rapidement quelques kilomètres de piste en faux plat descendant avant de ré-attaquer la grimpette. L’après-midi commence à être bien avancé quand on arrive à l’entrée d’un grand vallon. Notre route est censée nous emmener au pied d’un sommet sur le flanc opposé qui paraît encore bien lointain. Après ce qui semble une éternité on retrouve Racko qui est décidément en bonne forme à pied d’un petit pont. Ça y est on passe sur le bon flanc, mais c’est pour mieux souffrir avec un interminable poussage dans les alpages. Je déteste marcher et même si je suis plus en forme qu’hier mon moral commence à flancher un peu. Pfiou enfin au bout de nos peines, enfin pour le moment. Après tous ces efforts et une petite pause de biscuits salés on attaque un beau single en balcon, très rapide et exposé. Je ne suis clairement pas dans mon élément à cet exercice. On attaque ensuite une belle section de zig-zags. Là c’est déjà plus mon style et on se tire une bonne bourre avec Steph. 

Après cette belle descente on rejoint un joli lac entouré d’une forêt tout droit sortie d’un compte de fée et qui nous offre un superbe point de vue sur la vallée ... et sur notre dernière épreuve de la journée. En effet il va falloir descendre au fond de la vallée avant de regrimper un bon bout de bitume pour atteindre le gîte. La descente se fait à vive allure sur de la piste forestière sans grand intérêt, mais on arrive tout de même à s’amuser en jouant avec le relief et en se tirant la bourre. On arrive enfin au gîte, pas de torrent sauvage mais une fontaine d’eau tout aussi fraîche qui ne doit pas dépasser les 10°C, c’est parti pour le bain de récup !

Bilan du jour : 45km, 2100m de D+ et presque 10h.

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J3 (dans le dur)

Pour réduire l’encombrement de mon vélo je décide d’essayer un système de « Sherpa ». Pour 10€ je retrouverai mon sac au gîte du soir. Aujourd’hui pas besoin de s’inquiéter du ravitaillement, le picnic est compris avec la nuitée. Comme la veille on attaque la journée par une descente, cette fois-ci sur un joli single à flanc de montagne, pas trop exposé mais juste assez technique pour se réveiller avec le sourire. En arrivant en fond de vallée on croise même une petite biche. Ensuite c’est parti pour deux bonnes heures et 1000m de D+ pour atteindre le point culminant de notre trip, le col de Furfande à quelques 2500m d’altitude. 

La montée se fait sur une piste large et lisse, dans un cadre grandiose. Petit à petit mes jambes se délient, je retrouve ma forme habituelle et je rattrape Racko un peu avant le sommet. Une fois le col atteint on profite de la superbe vue pour prendre notre repas. Tout autour de nous les montagnes sont vraiment abruptes, et les cartes confirment d’ailleurs que cet après-midi on va rempiler pour un bon 1000m de D+.

Aujourd’hui on digérera en descente avec un très beau single taillé dans les alpages, tout à fait typique des Alpes. Assez rapidement on recommence à grimper sur un single en balcon. Le sentier commence à être bien exposé. Et alors que l’on recommence à descendre le choses ne vont pas s’arranger. Certains passages sont littéralement à flanc de falaise, attention au vertige !

On poursuit notre descente par une portion bien technique sur un terrain très rocailleux qui rappelle le sud. On continue notre chemin sur une belle portion de single avec de belles épingles avant d’attaquer une section « fortement déconseillée ». En effet on se retrouve dans une forte pente avec des épingles très serrées sur de la gravette... Pas vraiment notre tasse de thé, d’ailleurs me voilà encore par terre, et on en passera la majeure partie à pied.

Finalement nous voilà encore au fond d’une vallée, et c’est reparti pour une méchante grimpette sous un soleil de plomb. Le début sur goudron s’avale assez rapidement, vient ensuite une longue portion de piste assez défoncée. Le soleil qui faisait notre bonheur devient mon pire ennemi, et j’accueille chaque zone d’ombre avec soulagement. Et pourtant alors que je me demande pourquoi je persiste à m’infliger pareil supplice mon corps continue à grimper bon rythme. On arrive finalement en bas d’un vallon qui grimpe jusqu’au col, qui se cache dans une belle forêt. Le décor a encore changé, mais la chanson reste la même, grimper encore et toujours.

Un petit ruisseau permet de se rafraîchir un peu la tête avant de rejoindre la forêt où il faudra principalement pousser sur un GR abrupte. On arrive tout de même au sommet sur les vélos.

Après une bonne petite pause on est prêts à attaquer la descente finale. Le début se fait sur un beau morceau de single alpin avec une multitude de trajectoires possibles. On rejoint ensuite un beau balcon tout en petites caillasses mais pas trop exposé qui nous offre quelques dernières épingles. Alors qu’on rejoint la piste qui ramène à Ceillac, on arrive à récupérer un petit rab de single pour terminer en beauté.

On traverse la ville et nous voilà aux voitures. On charge rapidement avant de se séparer. Racko retourne dans le Sud, tandis qu’avec Steph on part aux Gets pour les Crankworx.

Bilan de ce final : 35km, 2200m de D+ en 8h

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Conclusion

Encore une fois, on repart de ce trip annuel avec des souvenirs plein la tête. Le Queyras est un coin magnifique qui offre une diversité de paysages et de singles incroyable. On aura en plus eu la chance de profiter d’une météo très clémente. Ce genre de trip itinérant n’offre aucun répit, aussi bien mental que physique avec le cumul de l’effort, des bagages et de l’altitude. Et pourtant l’expérience est unique, on a l’impression d’entrer dans une autre dimension où le temps et l’espace se distordent. Ce n’était pas le premier, et ce ne sera certainement pas le dernier au vu des étoiles qu’on garde dans les yeux !

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