Une série pour vous, écrite par vous : Escapade ! Du VTT, du vrai, à la conquête de chemins escarpés, des singles loin de tout et surtout à la recherche de l'aventure ! Après Rémi dans le Queyras, Charlie en Indonésie... voici Yan dans les Aravis au célèbre "Trou de la Mouche".
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NDLR : On laisse la parole à Yan
Si l’an dernier j’ai eu l’occasion de trainer mon Canyon Torque FRX un peu partout, que ce soit en bike-park, sur des spots locaux ou encore sur divers portages vtt, du Lac de Crop (Belledonne) au Lac du Crozet et refuge de La Pra (Belledonne), en passant par la Combe Madame (Belledonne), le Cirque de Saint Même (Chartreuse) et bien d’autres, une casse en station en début de saison 2018 m’a imposé un changement de monture. Souhaitant pouvoir continuer à me faire plaisir en station tout en profitant de roues plus grandes pour passer partout ou presque, mon choix s’est porté sur le Commencal Supreme D.H V4.2.
Je craignais vraiment d’en baver avec le poids du bestiau, ou encore sa maniabilité sur les sentiers escarpés et trialisants, mais finalement j’ai eu vite fait de retrouvé mes marques et le poids sensiblement identique n’a pas été source de bride sur le choix de mes échappées. J’ai même pu pousser un peu plus loin l’effort avec des destinations plus engagées que l’an passé comme la ligne de crête partant de L’aiguille Croche jusqu’au Mont Joly, ou encore, Le Trou de la mouche.
Au départ du Chalet de Paccaly d’en bas, situé à 1490 mètres d’altitude, me voici avec les roues démontées, soigneusement ficelées et équilibrées au cadre pour soulager les contraintes sur le dos. Deux chambres à air fixées au cadre font office de sangle pour supporter l’ensemble. Dans le sac à dos, j'ai fourré un T-shirt de rechange (on arrive souvent trempé après une bonne rando !), protèges-tibia (un minimum), un sandwich, quelques barres céréales et 3L d’eau. Me voilà paré pour une rando bien excitante. Le ciel, lui, est nuageux mais pas menaçant, ce qui est idéal pour ne pas cramer durant l’ascension.
Me voilà donc parti, bien chargé, avec au bas mot 25 kilos sur le dos. J’attaque donc mon périple par un sentier bien distinct qui serpente dans une partie boisée, mêlant racines, pierres, accompagnés de quelques marches naturelles qui mettent en jambes tout de suite. Celui ci me mènera jusqu’au chalet de Paccaly d’en haut à 1671m.
Une fois au Chalet de Paccaly d’en haut, deux options s’offrent à vous. Soit vous continuez droit devant en direction du lac de Tardevant, soit vous obliquez directement sur la droite en direction de la Combe de Paccaly. C’est là que tout commence avec un premier coup d’œil sur le but à atteindre, au loin… Le Trou de la Mouche, en lui-même, n’étant pas visible d’ici on devine néanmoins le sommet qu'il faut rejoindre.
Avant de me lancer pour de bon, je discute avec des randonneurs qui me demandent ma destination. A les entendre me dire que mon choix est « difficile », « ambitieux », voir « dangereux » et que le sentier non-balisé pour atteindre mon but était particulièrement étroit et exposé au vide, ils m’ont presque décidé à faire demi-tour. La détermination et le mental me mettront un bon coup de pied au cul pour me lancer ! Après tout, rien ne m’empêchera de faire demi-tour si j’en ressens le besoin ! Après avoir englouti une barre de céréales et une compote, c’est parti pour en chier un moment !
Tout d’abord, le sentier est plutôt bien distinct et ce finalement jusqu’en haut, hormis quelques variantes possibles bien plus haut dans la Combe, avec plusieurs traces menant, en général, toutes au Col de Paccaly. Donc pour commencer pas de difficultés particulières, la pente est douce sur les 200 premiers mètres, mais cela ne va pas durer... Ici plus de racines, que du cailloux assez fin et des lacets plus étroits, mais pas de vide autour de moi. Et puis les choses se corsent un peu, avec une pente plus soutenue voir importante au fil de ma progression. De temps à autre, je jette un regard, derrière moi, sur le parking où est garé ma voiture. Parking qu’il est finalement possible de voir assez longtemps mais que l’on a vite fait de laisser de côté pour observer ce que la nature nous offre, là, juste devant nous ! Des sommets à perte de vue… Idéal pour reprendre son souffle et recharger les batteries en express.
Ce jour là, la faune est restée discrète, je n’ai malheureusement pas fait de rencontre. Côté flore, beaucoup de verdure tout au long de ma progression et, même si ici la roche règne en maître, j’ai eu le plaisir de croiser quelques grosses pâquerettes sauvages, de belles silènes blanches, des campanules à feuilles rondes et… beaucoup d’orties ! En revanche, à cette altitude, plus d’arbres… Je poursuis donc mon périple jusqu’au plateau situé un peu plus haut, aux deux tiers du parcours. Je profite d’ailleurs de ce replat pour reprendre des forces et manger un morceau. Le plus dur est fait, enfin presque… En fait non, mais ça fait du bien de se l’dire !
Me voilà reparti pour attaquer le vif du sujet, la traversée de la Combe de Paccaly et son pierrier instable, mais la trace, toujours bien visible, rend cette traversée plus sûre malgré une pente soutenue et qui commence à tirer sérieusement sur les cuisses. Je jette à présent un regard en amont et j’aperçois enfin mon objectif, cette fameuse percée dans la roche particulièrement atypique. Le Trou de la Mouche n’est plus très loin. A vue d’œil,300 mètres de dénivelé me sépare de mon but. Je retrouve entre temps un groupe de randonneurs que j’avais croisé bien plus bas, avec qui j’avais échangé quelques mots, et qui, le sourire aux lèvres, finissent par m’avouer avoir perdu un pari qu’ils avaient fait entre eux. Celui que je n’arriverais pas à mon but avec un tel chargement.
Heureux de ne pas leur avoir donné raison, je poursuis jusqu’au col de la Combe, aux alentours de 2400 mètres d’altitude, au pied du Trou de la mouche. Ici une vue époustouflante à 360°, avec face à moi, en direction du parking, la chaine du Bargy et dans mon dos le Massif du Mont Blanc. La ligne de crête poursuit d’un côté vers la Tête de Pacally et de l’autre vers le Trou de la Mouche. Quelques pas me séparent encore de mon objectif, et pas les plus simples, loin de là…
J’attaque l’ascension du sentier qui disparait rapidement sur ce passage de crête rocailleux et l’encombrement de mon chargement m’oblige rapidement à poser les mains au sol pour prendre appui sans me faire déséquilibrer… Je décide donc de décrocher le bike pour la centaine de pas et les 50 derniers mètres de dénivelé qui me séparent de cette sculpture naturelle. Moins de 10 minutes plus tard me voilà sous la voute impressionnante du Trou de la Mouche, qui paraît presque instable et fragile, perché à 2453 mètres d’altitude. Ici, la vue est tout simplement magnifique. D’un côté, la voute laisse apparaitre la Tête de Paccaly qui culmine à 2467m, et du fait, juste à ma hauteur. De l’autre une vue imprenable sur la Combe du Grand Crêt!
Après avoir pris quelques minutes pour faire des photos bien méritées, je redescends chercher ma monture, puis retrouve la crête silencieuse du col de Paccaly. Je profite du fait que je suis seul pour apprécier le silence et ce panorama hors norme. Après m’être changé pour mettre des fringues sèches sur le dos, je m’attèle au remontage du Suprême. Me voilà prêt. Je profite encore quelques minutes de ce paysage lunaire tout en observant la trace du sentier retour et le ride de dingue qui m’attend. L’heure tourne et le soleil se cache doucement, il est grand temps de filer !
C’est parti pour une descente de folie bien technique, à commencer par la traversée de la Combe et ses pierres qui roulent les unes sur les autres, donnant le sentiment de progresser sur un tapis roulant, mais finalement assez stable malgré le mouvement. Plus bas sur le plateau, je retrouve le sentier bien dessiné, avec une partie presque rapide, mais trop courte, avant de retomber sur un single technique qui ne laisse pas vraiment le droit à l’erreur. Une chute pourrait vite faire des dégâts, au milieu des pierres aux arrêtes saillantes. Donc je mise sur la concentration. Le sentier retour est roulant sur la quasi-totalité, seuls quelques passages étroits entre de grosses roches et quelques épingles hyper serrées me forceront à passer à pieds, mais dans l’ensemble, 85% du sentier qui me ramènera jusqu’à mon point de départ se fera sur le vélo. Arrivé au Chalet de Paccaly d’en haut, petit regard arrière sur le ride que je viens de m’offrir. La nostalgie d’être presque arrivé se fait déjà ressentir…
Les quelques derniers mètres se feront sans grand plaisir pour la partie boisé. La prise de vitesse n’est possible au vu du profil du terrain et du nombre important de personnes présentes sur cette partie du sentier… Mais finalement, ça me va bien, parce que j’avoue, j’suis rincé !
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