Le pilote belge, Martin Maes (GT Factory) a écopé d'une suspension de 90 jours pour dopage involontaire.
Une bien mauvaise nouvelle est tombée pour Martin Maes, actuel leader des Enduro World Series (EWS). Il a été testé positif lors de deux contrôles à la suite de ses victoires en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande (manche 1 et 2 de la saison 2019 des EWS, les 24 et 31 mars). Des traces de probenecide ont été trouvée dans ses urines. Il s'agit d'un produit qui a des propriétés masquantes (mais non dopante).
Le problème ? Martin Maes a ingéré la substance interdite pour soigner une infection à la jambe contractée lors de la TransNZ (compétition d'enduro sur plusieurs jours en Nouvelle-Zélande). Le médecin de la course en voyant l'infection gagner du terrain lui a administré une forte dose d'antibiotiques et un médicament pour calmer les effets secondaires. Dans ce cocktail se trouvait le probenecide. (note d'un lecteur phramacien : le probenecide agit comme un accélérateur pour les antibiotiques).
Martin, son team et les médecins de la course après s'être concertés pensaient tous qu'il y avait aucun produits dopant dans les médicaments (à juste titre, puisque le probenecide est un masquant). Le réseau 4G dans la jungle ne passant pas très bien et l'urgence du traitement de l'infection ajoutent à ce tableau une dimension absurde.
Est-ce que Martin Maes, aurait dû laisser l'infection se propager au détriment de sa santé ?
Les pilotes sont-ils suffisamment informés ? Avec l'arrivée de l'UCI -et donc des contrôles anti-dopage plus fréquents- les riders, qui jusque là s'occupaient surtout d'arriver à l'heure au départ, avec un vélo qui fonctionne et les jambes plus ou moins fraîches, doivent maintenant prêter attention à tout ce qu'ils ingèrent. Les produits dopants sont présents dans de nombreux médicaments et ce pour des traitements très courants. Les pilotes n'ont pas forcément eu de formation sur les risques et la conduite à tenir pour éviter de se retrouver dans une telle situation. Les exigences du sport professionnel sont nombreuses mais pas forcément connues des sportifs qui jusque là étaient amateurs et peu suivis. À ce titre, l'EWS et l'UCI tiendront un mini séminaire à l'occasion de l'étape de Val Di Fassa afin que les pilotes et team managers puissent se renseigner et soient mieux éduqués sur la question du dopage.
Martin Maes veut (essayer de) tirer des enseignements positifs de cette mésaventure et aimerait attirer l'attention auprès de l'UCI, les teams et les pilotes sur les bons réflexes à avoir pour éviter se doper à l'insu de son gré. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, même les meilleurs pilotes mondiaux en VTT ne sont pas suivi H-24 par des médecins et que des fois... oui... l'erreur est humaine. Martin Maes paye aujourd'hui pour tous les sportifs d'hier qui ont utilisé ces produits masquant pour réellement cacher des produits pris pour augmenter leur performances. L'UCI a surement trop vu de personnes essayer de contourner les règles pour les assouplir.
C'est cher payé, pour ce jeune prodige du VTT, mais nul doute qu'il reviendra avec une motivation décuplée et la liste de produits interdits en tête !
Au cas où... on vous la met ici, téléchargez le PDF comme ça même au fin fond de la jungle vous pourrez vérifier. Et si vous devez absolument prendre une substance interdite (parce que votre santé passe avant tout) puis participer à une compétition, c'est à vous de dire en amont de la compétition que vous avez dû prendre une substance interdite et dans certains cas vous pourrez bénéficier d'une autorisation d'usage à des fins thérapeutiques (AUT), au pire vous prendrez le départ de la compétition suivante.
6 Commentaires
Il a eu de l'ondansetron pour ses vomissements.
Le probenecide a été donné pour augmenter la "dose circulante" d'antibiotique dans son organisme, étant donné que l'antibiotique seul ne donnait pas satisfaction au début du traitement.
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Le probénécide n'est plus utilisé comme adjuvant de l'antibiothérapie depuis un bon moment en France. Son action consiste à diminuer l'élimination des pénicillines par le rein, ce qui augmente la concentration de l'antibiotique dans le sang. On peut faire d'une autre façon : augmenter la dose de pénicilline, ce qui est la recommandation pour le traitement des infections cutanées en France depuis que je suis en âge d'étudier la pharmacologie. Plus de 25 ans donc.
Lorsque l'antibiothérapie utilisée initialement ne donne pas satisfaction, deux possibilités : changer de molécule si on pense que le microbe n'est pas sensible à la première (c'est ce qu'on fait le plus souvent), ou augmenter la dose si on estime que la molécule est bonne mais que sa diffusion dans la zone malade n'est pas suffisante pour qu'il soit efficace.
Un docteur qui connait un peu (mais vraiment très peu) la médecine du sport sait que le probénécide est un masquant classique que les coureurs sur route utilisaient plein plein pour dans les années 80 couvrir leur absorption de stéroides. Si même il ne connait pas l'histoire du tour de France et n'a jamais entendu parler de Pedro Delgado, une recherche gogole de trois minutes dix lui permettra de trouver l'information.
Que ce monsieur champion de grovélo ne soit pas informé est possible, que le docteur qui l'a pris en charge ne le soit pas me fait doucement rigoler.
La compétition à la laquelle Martin Maes participait était la TransNZ, qui ne fait pas partie du circuit UCI, le médecin a juste fait son job et sûrement évité d'autres complications.
Je vois mal un rider se choper une infection juste pour pouvoir prendre des produits masquants... Faut pas pousser non plus.
L'erreur est humaine.
Je disais qu'un docteur qui prescrit du probénécide n'est pas dans les clous des recommandations sur le traitement des infections cutanées et qu'il a étudié sur la lune pour ne pas être au courant que c'est un produit masquant interdit depuis 30 ans - fais juste une recherche avec "probenecid cycling" sur gogole, sans même être professionnel de santé et en parlant un anglais approximatif tu peux constater que ça ramène 57 100 références et que les quatre premières pages sont uniquement consacrées à l'effet masquant du produit et à son utilisation chez les coureurs pro...
Quant à prendre des décisions difficiles, il me semble (puisque j'en prends tous les jours) que tripler la dose d'oxacilline pour traiter l'infection était plus efficace et moins dangereux qu'utiliser du probenecide.
Encore une fois, loin de moi l'idée de penser que c'était volontaire pour masquer un dopant, je répète simplement que c'est de la méconnaissance de base du monde du sport...
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