Il était prévu depuis quelques temps une rencontre du ministere des sports et des differents acteurs des sports "émergents", les sports non-affiliés en gros.
Donc ce n'est pas un discours spécifique au MTB, mais bel et bien un discours sur tout ces ces sports "underground" qui comme dirait la ministre ont autant besoin du ministère que le ministére à besion d'eux"!
Donc voici un petit copier/coller que je trouve plutôt encourageant pour le futur de nos sports en terme d'infrastructure et la reconnaissance de tout les "cascadeurs" qui se donnent autant que les sportifs "officiels"!:
Stade Pierre de Coubertin, Paris, le 16 décembre 2009
Pourquoi lancer des Etats généraux des sports urbains ?
Ce ne sont en effet pas les sujets d'actualité qui manquent dans mon secrétariat d'Etat, ni les chantiers ambitieux à mener à bien. Et ils sont nombreux, de la candidature de la France à l'Euro 2016 au financement du sport amateur, de la candidature d'Annecy aux Jeux Olympiques d'hiver en 2018 à la réforme du sport de haut niveau. Pourquoi, dès lors, rajouter un nouveau dossier à cette charge de travail ? Pourquoi s'intéresser à un sujet, les sports urbains, qui n'a jamais fait partie des priorités du secrétariat d'Etat aux Sports ?
J'ai envie de répondre spontanément : parce ce que c'est le mouvement de la vie, et qu'un ministère qui ne bouge pas est un ministère qui meurt.
Il y a deux autres raisons.
La première raison, vous la connaissez bien. Depuis des années, des décennies parfois, les sports urbains ont connu une forte croissance de leurs activités. Mais cette croissance s'est faite, c'est là le problème, à l'écart du monde sportif traditionnel et sans aucune reconnaissance des pouvoirs publics. Ce qui a entraîné avec le temps plusieurs difficultés, en particulier en matière d'accès des sports urbains à l'espace public, de sécurité des pratiques ou encore d'absence de formations adaptées. Le secrétariat d'Etat aux sports s'est trop longtemps désintéressé de cette situation. Il fallait réagir.
La seconde raison peut davantage vous surprendre. Je suis convaincue que mon secrétariat d'Etat a tout autant besoin des sports urbains qu'eux ont besoin de lui.
Je m'explique. Le sport a un rapport très fort avec la tradition. C'est une de ses grandes forces. Il s'inscrit dans une histoire longue, un patrimoine. Il se fonde sur des règles mises à l'épreuve du temps. Il s'incarne dans des institutions et des traditions.
Mais il existe une autre facette du sport. Un sport en perpétuelle évolution. Un sport qui accompagne les transformations de la société et parfois même les précède. Un sport qui, continuellement, se réinvente sans se soucier des codes et des usages. L'action du secrétariat d'Etat aux sports ne reflète pas assez ce double visage du sport. Trop focalisée sur le premier aspect, elle en a oublié de s'intéresser au second. Le Ministère de culture ne s'occupe pas uniquement de mettre en valeur des églises romanes ou des peintures de la Renaissance ; il prend aussi le risque de promouvoir la création contemporaine. Le Ministère de l'industrie n'investit pas seulement dans les secteurs économiques traditionnels ; il fait également le pari des biotechnologies ou des énergies renouvelables. Cela, nous n'avons pas encore réussi à le faire au secrétariat d'Etat aux Sports. Je fais le pari de l'imagination. Pour aller vers de nouveaux mondes et explorer de nouvelles pratiques.
La situation des sports urbains en est le meilleur exemple.
Skateboard, double dutch, art du déplacement, foot de rue, golf urbain, roller dans ses formes acrobatiques, tennis-ballon, BMX street, Bike polo, basket de rue et d'autres encore... La galaxie des sports urbains est foisonnante. Certaines activités sont très récentes, d'autres plus anciennes. Certaines sont connues du grand public, d'autres pas du tout. Certaines sont accueillies dans des fédérations sportives, d'autres fonctionnent en auto gestion. Je sais aussi que le terme " sports urbains " prête à discussion. Sports urbains, sports de rue, sports alternatifs, sports émergents, sports non affiliés... Chacune de ses désignations a ses qualités et ses défauts. Mais là n'est pas l'essentiel. Car ces activités, malgré leurs différences et les terminologies qui peuvent les désigner, partagent toutes un point commun. Jamais elles n'ont bénéficié d'une réelle reconnaissance du monde du sport.
Il y a parfois même du mépris. Le football freestyle, le double dutch ou l'art du déplacement ? Je vois parfois l'air ébahi de certains ! J'entends la litanie des conservatismes : " est-ce que ce sont de vrais sports ? Tout au plus des modes temporaires qui disparaitront aussi rapidement qu'elles sont apparus ".
Pour ces esprits grincheux, peu importe l'entrainement, la concentration, l'énergie, la rigueur que ces disciplines exigent et qui les placent sur un pied d'égalité avec n'importe quel sport traditionnel.
Pour ces esprits grincheux, peu importe l'entrainement, la concentration, l'énergie, la rigueur que ces disciplines exigent et qui les placent sur un pied d'égalité avec n'importe quel sport traditionnel.
Il y a aussi de l'incompréhension. Les sports urbains déstabilisent car leur fonctionnement, leur philosophie même, prend à contre-pied ce que nous croyons savoir du sport.
Ils prônent l'innovation permanente, le croisement des disciplines, l'évolution rapide des règles, l'auto-arbitrage et l'auto-évaluation. Ils entretiennent un lien privilégié avec les cultures urbaines, leurs styles musicaux, leurs expressions graphiques, leurs " looks " vestimentaires. Au point qu'il est parfois difficile de distinguer ce qui relève du sport et ce qui relève de l'expression culturelle. Et bien pour moi, le sport, fondamentalement c'est aussi de la culture ! Alors oui, ces sports privilégient le plaisir de la pratique et la recherche du beau geste, et non la compétition et la performance. Est ce rédhibitoire ? Ces différences expliquent d'ailleurs en grande partie la cohabitation souvent difficile entre sports urbains et fédérations sportives - même si des exemples plus positifs existent par ailleurs, comme le montrent les fédérations de l'UFOLEP, l'UCPA ou la Fédération française de basketball avec son opération " Basket en liberté ".
Cela ne les disqualifie pas pour autant.
Cette méconnaissance mutuelle vaut tout autant avec les pouvoirs publics. Disons-le franchement. Les sports urbains sont mal connus de l'administration de l'Etat. Et c'est tout aussi vrai pour les collectivités locales. Les sports urbains et les pouvoirs publics sont deux mondes qui le plus souvent s'ignorent.
La situation est particulièrement regrettable pour le secrétariat d'Etat aux sports. Car s'il y a bien un acteur public qui aurait dû montrer le chemin de la reconnaissance, c'est lui. Au lieu de cela, nous nous retrouvons dans une situation qui exprime toute son absurdité dans l'exemple suivant. Il y a quelques semaines, je me suis rendu au championnat international de double dutch dont l'organisateur n'est pas affilié à une fédération agréée. A la Halle Carpentier étaient réunis ce jour-là 3 500 jeunes spectateurs venus de toute l'Ile de France et 90 équipes provenant de 12 pays différents. Eh bien, ce sport qui plait autant aux jeunes des quartiers, cette association capable d'organiser un tel rendez-vous sportif international, je n'ai pas le droit en tant que secrétaire d'Etat aux Sports de les aider et de les accompagner dans leur développement.
Quelle absurdité !
D'autres sont plus réactifs et ont compris bien plus rapidement que nous le potentiel des sports urbains.
Des marques de vêtement y ont retrouvé les valeurs - l'imagination, l'innovation, la mixité - qu'ellesmêmes souhaitent diffuser. Des médias spécialisés y ont vu l'opportunité de créer de nouveaux types d'événements, mêlant compétitions sportives et festival musical. Des réalisateurs de cinéma et de clips vidéo ont exploité la force visuelle de ces nouvelles disciplines.
Ce constat me laisse un goût amer et de gâchis. Des sports dynamiques, innovants, portant de fortes valeurs sociales sont soutenus par des marques d'équipementiers, mais pas par le secrétariat d'Etat aux Sports ? Cela n'a tout simplement pas de sens. Nous n'allons pas continuer à être aveugle.
D'autant que cette situation absurde entraine de plus en plus de problèmes qu'on ne peut se permettre d'ignorer plus longtemps. Car ne rien faire, c'est laisser des jeunes, et leurs parents, sans points de repère sérieux pour choisir des associations de sports urbains offrant des garanties suffisantes en matière d'encadrement et de sécurité. Ne rien faire, c'est laisser les élus locaux, les maires notamment, gérer seuls des sports pratiqués en pleine ville, au milieu d'autres activités urbaines, et pour lesquels ils risqueront, en cas d'accident, d'assumer la responsabilité pénale. Ne rien faire, c'est laisser les associations de sports urbains sans moyen pour se développer, sans accès aux équipements sportifs pour pratiquer. Car, sans reconnaissance de l'Etat et du mouvement sportif, les collectivités choisiront toujours de privilégier des activités reconnues par une fédération. Ne rien faire, c'est enfin laisser croître les tensions qui peuvent exister entre des associations de sports urbains et des fédérations souhaitant développer une pratique sportive similaire.
Ce n'est pas une situation qui me satisfait. Je suis à la tête du secrétariat d'Etat aux sports, de tous les sports, quels que soient leur type de pratique, leur organisation, leur finalité.
Je ne souhaite certainement pas imposer la présence de l'Etat ou de régenter l'univers des sports urbains. Le groupe de jeunes qui font du skateboard le soir ou l'association de copains pratiquant le golf urbain n'ont souvent aucune attente à l'égard de l'Etat. Ils font du sport sans avoir besoin de nous, et c'est tant mieux.
Mais il existe aussi des associations qui voient au-delà, qui veulent développer leurs activités, faire connaître leur disciplines, former des éducateurs, encadrer leur pratique et être soutenues financièrement. Et qui renonceront si on ne leur vient pas en aide, malgré toute leur bonne volonté.
Comment faire pour les aider ?
Un important travail d'identification et de rencontre des différents acteurs des sports urbains a déjà été effectué à l'initiative de mon prédécesseur, Bernard LAPORTE. Il a abouti au rapport de Bernard NIEUVIAERT, qui a établi un premier diagnostic essentiel et posé les jalons qui ont conduit au lancement des Etats généraux. L'événement d'aujourd'hui constitue une deuxième étape. Il permet de rassembler pour la première fois, sur un même lieu, une grande partie des acteurs des sports urbains, des responsables d'associations de sports urbains comme des dirigeants de fédérations sportives, des élus locaux comme des journalistes et des universitaires.
Le plus dur reste cependant encore à faire. Je ne crois pas en effet aux solutions immédiates et universelles qui, d'un coup de baguette magique, permettront de résoudre l'ensemble des problèmes existants.
Je ne crois notamment pas à la création d'une fédération rassemblant tous les sports urbains. Trop compliqué. Trop lourd. Et, surtout, je ne pense pas que les différents sports urbains aient réellement envie de se retrouver rassembler pêle-mêle dans un ensemble uniforme, ou de se glisser dans un moule qui ne leur serait pas adapté. Le soutien de l'Etat, oui ; le formatage, non.
Je crois qu'il faudra être inventif et trouver des solutions inédites pour reconnaitre, accompagner et soutenir les sports urbains. Cela ne me gêne pas. Des pratiques sportives originales méritent bien des mesures originales. Il ne faudra pas avoir peur de sortir des sentiers battus et d'imaginer, s'il le faut, de nouveaux dispositifs de soutien. Mais ce ne sont que des intuitions. Il est désormais temps qu'un important travail de fond ait lieu pour définir ces solutions souples et adaptées. C'est tout le sens de ces Etats généraux.
J'installerai dans les prochaines semaines un groupe de travail national chargé d'animer et de coordonner les travaux des Etats généraux. Sa composition sera à l'image des participants d'aujourd'hui et inclura les acteurs du sport français dans toute leur diversité : sports urbains, CNOSF et fédérations, collectivités, Etat, experts.
Ce groupe de travail national aura la charge d'élargir autant que possible la concertation et de recueillir les contributions de tous ceux qui souhaitent participer à ses Etats généraux.
Ne vous y trompez pas. Je ne lance pas une nouvelle phase de réflexion. Le temps du diagnostic général est terminé. Il s'agit désormais de trouver des solutions et vite.
Je souhaite que le groupe de travail national me propose, à partir des contributions qu'il recevra des uns et des autres, des mesures concrètes et rapidement opérationnelles d'ici le printemps 2010, notamment sur les thématiques les plus sensibles.
-Quelle reconnaissance pour les sports urbains ?
-Quelles formations pour assurer la sécurité des pratiques ?
-Quel accès aux équipements sportifs et aux espaces publics ?
L'objectif est simple : intégrer pleinement les sports urbains dans le paysage sportif français.
Ce travail est essentiel pour le développement des sports urbains. Il est tout aussi indispensable pour l'avenir du secrétariat d'Etat aux Sports.
Ce travail est d'abord indispensable parce que l'objectif premier de mon secrétariat d'Etat sera toujours le développement de la pratique sportive de tous et toutes, quelles que soient les formes et le cadre de cette pratique. Ignorer les sports urbains, c'est aller contre cet objectif, c'est aller contre la vocation même du secrétariat d'Etat aux sports.
Il ya toujours des réticences au départ : les Impressionnistes dont on refusait les peintures dans les Salons au XIXème : pauvres Monnet et Manet ! Jean-Michel Basquiat peintre des rues à New York et qu'on trouve au Musée d'Art moderne maintenant. Ne craignons pas la nouveauté.
Ce travail est ensuite indispensable parce que les frontières entre les sports traditionnels et les sports alternatifs ne sont pas fixes. N'oublions pas que des sports comme le BMX Race ou le ski cross étaient encore récemment des sports marginaux. Ils sont aujourd'hui olympiques et, pour le BMX Race, pourvoyeurs de médailles. Ce ne seront certainement pas les derniers - je pense notamment à d'autres catégories du BMX.
Et je suis prête à prendre le pari que d'ici quelques années la musique de La Marseillaise sera jouée devant un podium olympique pour une discipline que nous dénommons aujourd'hui " sport urbain ". N'est-ce pas un beau symbole que la démonstration de ces sports nouveaux se fasse au stade Pierre de Coubertin, symbole du patrimoine sportif parisien ? Ce travail est enfin indispensable parce que les sports urbains nous apprennent une autre manière de concevoir le sport. Ils portent une vision novatrice du sport, plus en phase avec la société française. Ils sont la preuve que le sport ne s'arrête pas aux terrains de jeux. Ils nous donnent une idée de ce que peut être le rôle du sport dans notre société : une formidable force de changement social et culturel. Je crois profondément à cette puissance novatrice du sport, en accord avec les mouvements parfois souterrains de la société.
Pour conclure, je tiens à remercier l'ensemble des intervenants de cette journée de débats.
Votre expertise et votre expérience seront primordiales dans les mois à venir et nous aurons besoin de vous pour aboutir à des résultats concrets et satisfaisants.
Mais ce que je veux surtout retenir aujourd'hui, c'est votre sens du dialogue. Vous venez d'horizons très différents. Vos points de vue ne sont pas toujours les mêmes. Mais vous avez accepté le débat.
La distance qui sépare les institutions du sport français et les sports urbains est grande. Il nous faut échanger, partager, apprendre à se connaître, à se faire confiance. C'est tout le sens d'une journée comme celle-ci.
Elle n'a pu être une réussite que grâce à vous, à votre implication et à votre ouverture d'esprit.
Je vous remercie.
P.S: La descente et le 4x sont déjà régularisés!
inscrit le 14/04/09
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