Rencontre avec Phil, celui qui filmait la Rampage
Bonjour à tous !
Il y à deux semaines, au détour d’un repas, j’ai rencontré Phil, sympathique Québécois installé à Whistler depuis maintenant 3 ans.
Après avoir échangé quelques mots, Phil m’a appris qu’il était Cameraman de profession, et pas des moindres, puisqu’il à tourné pour les plus grosses boites de Prod orientées sports extrêmes, nous citerons notamment Freeride Entertainment et poor boyz production.
Etant moi même passionné de vidéo (à mon très humble niveau), je me suis dit qu’il serait intéressant d’en savoir un peu plus, comment on en arrive à ce stade, quel est le chemin à suivre, et comment parvenir à toucher le rêve de tourner avec les plus grands riders mondiaux sur les spots les plus fous.
C’est donc autour d’une bière brassée Homemade à Whistler que nous nous installons pour discuter.
Phil, Cameraman de haut vol
Salut phil, premièrement, qui es tu ? Peux tu te présenter ?
Salut Charlie, alors je m’appel Phillipe benjamin, j’ai 32 ans, je viens de Montreal et j’habite a whistler depuis 3 ans.
Peux tu me raconter tes débuts, comment tu est venu à la vidéo, comment as tu commencé ?
J’ai commencé tout bêtement, je déconnais avec la caméra de mon Oncle lors des dîners de famille, je filmais tout et n’importe quoi, ça m’amusait ! Ensuite, pour mon anniversaire, mes parents m’ont acheté une caméra au format Digital8,
Caméra typique format Digital 8
Avec celle la, j’ai eu le déclic, celui qui m’a fait comprendre que je voulais faire ce que je fais aujourd’hui. Ma mère connaissait le rédacteur d’un journal local, qui m’à envoyé filmer et faire des photos des Xgames de 98, à 16 ans. Je n’étais pas rémunéré mais on m’envoyait là bas tout frais payé, je n’avais donc aucune raison de refuser !
Ensuite, avec des potes, on a voulu fonder un portail web orienté vers les sport extrême, mais dans les années 2000, les investisseurs avaient arrêtés de miser sur l’internet, car le boom des 90?s avait vu naitre beaucoup trop de portails, pas forcément de bonne qualité, ça n’a donc pas marché.
Après j’ai travaillé pour une boîte qui organisait des raves / after party en tant que distributeur de Flyer; Je me suis rapidement mis à filmer leurs soirée, c’est de la que tout est vraiment parti.
Puis mes parents ont vu que ça devenait un peu plus sérieux, ils m’ont donc aidé à me payer une Sony VX2000, à l’époque, tous les films de skates, de skis et de BMX étaient filmés avec ça !
Sony VX 2000
L’idée de faire un film de ski avec les potes à doucement germé dans ma tête durant ces années, et en l’an 2000, c’est la bonne, je prépare un press-kit, je démarche les marques, magazines, shops, et l’on tourne durant toute la saison, avec un budget de 7500$ pour la production.
On sort donc le film en 2000, VHS (retro hein !) et DVD, "The Playground", à l’époque les vidéos de qualité n’étaient pas si nombreuses que ça, on à donc eu la chance d’être distribué internationalement dès le premier film !
Quand tu dis « on », tu parles de qui ?
A la base on était 3, le noyau dur, puis avec les années, on s’est tous éparpillés dans des boites de prod différentes, on ne travaille donc plus ensemble mais on est toujours amis !
En parlant de boites de prod, pour lesquels à tu travaille ?
J’ai commencé avec la compagnie 2tracks, on a fait 2 films avec eux, puis ils se sont associés à pléhouse film. J’ai ensuite travailler avec du gros, à Savoir Poorboyz, qui, eux, me proposaient du boulot « à temps plein » tout l’hiver, on tournait non stop. Pour ne citer que les gros, j’ai également travaillé avec Matchstick prod et brainfarm.
Comment les boites te connaissent ? contactent ?
Dans ce milieu, t’as des potes qui font des films avec toi, alors ils te conseillent, et toi, tu leur rend la pareille, ça se fait aussi avec les références, c’est uniquement du networking et de la relation.
Parlons de Freeride Entertainment comment en es tu arrivé la, et qu’as tu tourné avec eux ?
Je suis venu à tourner avec Freeride grâce au ski, ils faisaient une émission de télé sur le Redbull Coldrush,
ils avaient besoins de Cadreurs, ils m’ont donc contactés car j’avais beaucoup d’expérience, et de très bonnes références. (citées plus haut)
Je suis venu au VTT pour la première fois à Mont saint Anne, en 2005, pour la coupe du monde de DH. C’est Freeride qui produisait, et Freecaster ainsi que la télé canadienne retransmettait le tout. J’ai filmé la WC jusqu’en 2010, date à laquelle j’ai bougé à Whistler.
Une fois à Whistler, je me suis tout naturellement porté vers les Crankworx, j’ai donc commencé à filmer pour Freeride les Crankworx (retransmis par redbull), et plus particulièrement le Joyride qui est quand même le plus gros événement de cette compétition.
Ensuite, ils m’ont envoyé filmer la Rampage, pour être honnête, c’est le truc le plus fou que j’ai pu filmer, ces mecs sont complétements malades. J’étais au Sol sur une caméra montée avec une focale gigantesque, c’est le genre du matos que tu montes à 3 gars, mais avec, tu peux aller lire l’heure sur le portable de Cam Zink depuis le bas du canyon.
Phil Filmant la rampage
Comment s’organise un tournage avec les riders, les cameraman ? Quand êtes vous prévenus, qui paye le déplacement ?
Quand j’ai commencé avec mes potes, je prenais mon propre matos, on bossait avec ce qu’on pouvait louer ou ce que les sponsors pouvaient nous fournir. C’est différent quand les images sont produites par la télé ou une grosse entreprise ; tout est fourni, matériel, vol, logement, nourriture, tu n’as littéralement plus qu’à « faire le job ».
Combien de temps dure le tournage d’un film « freeride », que ce soit en ski ou en vélo, combien de temps de tournage pour 1h d’image ?
A l’époque, pour sortir un film on shootait toute la saison, c’est à dire 6/7 mois, de novembre à Avril / Mai pour les sessions parc. Pour le VTT, c’était d’avril à Septembre / octobre.
Mais ça à changé, je dirais que that’s it that’s all de Brainfarm à bousculé tout le monde, ce sont les premiers qui ont pris le temps de faire des images d’une plus grande qualité, et donc un tournage étalé sur 2 ans.
Maintenant c’est désormais la norme, il suffit de regarder les dernières prod en date, comme The Art of Flight ou Where the trails ends, toutes ont été tournées sur 2 ans.
Quel est le meilleur souvenir que tu gardes d’un tournage ?
Je n’ai pas UN souvenir que j’arrive à détacher des autres, mais ce qui m’impressionne le plus c’est les spots sur lesquels je shoot, l’alaska, la nouvelle Zelande, Tahiti, mais j’avoue que le truc le plus fou que j’ai pu voir reste la Rampage, encore une fois, c’est surhumain.
Quelle est la prise la plus folle que tu ai pu faire ?
Le Backflip de Zink sur l’icon sender cette année, à égalité avec celui de Mcgary sur le Canyon Gap, j’étais placé en vue plongeante avec la caméra pour shooter Zink, c’était vraiment extraordinaire.
Le Backflip Historique de Zink à la Rampage 2013
Y a t-il une fois ou tu en as vraiment chié ?
Je n’ai, encore une fois, pas un moment qui me revient particulièrement, mais filmer les parts de street c’est quand même spécialement chiant, tu dois faire ça de nuit, de 2 à 5, sinon tu as les riverains et les flics qui te jettent.
Mais même malgré ça, des fois, tu reste 2h dehors pour construire le kick et arranger le spot, tout ça pour te faire griller quand le tournage commence, u donnes donc très souvent des coups d’épées dans l’eau.
Il y a sûrement eu des moments vraiment durs, mais je pense qu’inconsciemment je les oublie, car je sais que je suis un privilégié, et que même si ça peut être dur, j’ai un métier en or.
Un conseil pour ceux qui voudraient devenir comme toi ?
Le seul secret pour celui qui commence ou qui veut en faire son métier, c’est de pratiquer énormément, filmer, filmer et filmer, si le travail est bon, ça paiera à un moment. Surtout qu’avec les réseaux sociaux et les portails de partage de vidéos aujourd’hui, il est plus facile de se faire connaître.
Un autre truc, c’est de choisir un rider ou un groupe, et de grandir avec, les efforts des uns se répercutent sur les autres, de cette façon, le cameraman se fait connaître pour ses réa et les riders pour leur niveau, avec tout ce qui s’ensuit. (Contrats, sponsoring…)
Comment as tu fais le choix entre rider et filmer ?
Je me suis jamais posé cette question (rires), pour être honnête, si tu me donnes le choix entre un ride et un shoot, je prend le ride ! Mais je me suis dit qu’il fallait faire un choix, et à défaut de pouvoir être rider pro, je suis une des personne qui s’en rapproche le plus, je suis dans le milieu, et je prends plaisir à faire ce que je fais !
Tu n’es pas obligé de répondre, mais niveau salaire ça donne quoi ?
Je dirais que mon salaire est très ordinaire, rien de mirobolant, quant on tourne je suis bien payé mais je ne bosse pas tout le temps! Du coup ça s’étalonne sur l’année, et ça donne quelque chose de banale. De plus, si je me casse un bras ou quoi que ce soit, je ne peux plus bosser, je n’ai donc plus aucune rentrée d’argent…
Le kiff du métier c’est de voyager tout le temps, de shooter des trucs extraordinaires, d’avoir des deals sur du matos et avantages en nature du genre je dirais !
Je remercie Phil de bien avoir voulu me donner de son temps pour répondre à mes questions!
En plus, il à même payé la bière…
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