Regardez rapidement et on croirait qu'il s'agit d'une photo de la version carbone. Le nouveau cadre du Demo, version Alu, reprend tellement exactement les mêmes courbes, la même géométrie et la même asymétrie au niveau du tube de selle qu'une fois enfourché, on se prend déjà pour Bruni.
Je ne sais pas vous, mais la première fois que nous avons vu ce vélo pour de vrai, nous avons cru que c'était le modèle carbone. Bien que ce soit une version Alu, il reprend exactement le même dessin et les mêmes formes de la légendaire version S-Works. Ok, quand on se rapproche on voit bien les gros cordons de soudure, mais c'est très propre et ça rend vraiment bien. En fonction de la lumière et de l'angle avec lequel on regarde le vélo on ne les voit pas la plupart du temps.
Le trajet des gaines et durites est ultra propre. Leur sortie du triangle avant est bien au dessus du pédalier; Un gros plus pour l'entretien!
La protection sur le tube diagonal à la mode "clear protect" est quelque chose que l'on aimerait voir sur TOUS les vélos. Par contre pour faire les ultra-critiques, sa forme découpée pour une application facilitée ne la rend pas très discrète (voir les photos ci-dessous).
Côté chaine on retrouve de bons coussins caoutchouteux qui gomment tous les bruits de chaine (sur et sous les tubes éventuellement en contact.
La protection en métal sous l'axe côté disque sert à protéger le cadre quand la roue arrière n'est pas mise mais aussi face aux potentiels coups de disque lorsqu'on veut remettre la roue, encore un bon point et une bonne anticipation de la part des ingénieurs.
Nous n'avons pas eu de soucis d'axes desserrés durant le test, un bon point aussi tant ça peut être un problème récurrent sur certains vélos neufs.
Dans la catégorie des trucs que nous n'avons pas aimé, l'axe de la roue arrière demande de l'habitude avant de pouvoir le deviser: On n'est pas en présence d'un simple axe qu'on peut venir dé-viser rapidement. Ici il faut dé-serrer les deux vis qui viennent verrouiller l'axe, puis dé-serrer de 2 ou 3 tours la vis qui tient la pièce de renfort du dérailleur, taper un coup dessus pour faire ressortir l'axe de l'autre côté, puis finir de dé-visser côté transmission. Après l'avoir fait une dizaine de fois on prend le coup de main mais ça reste assez laborieux.
Notons quand même que ce système apporte plus de protection à la patte de dérailleur qui devrait du coup moins ramasser dans les éventuelles chutes sur le flanc droit.
A l'avant une BoXXer Team que nous avons oublié de prendre en photo tellement c'est un choix courant sur ce genre de montages. A savoir que nous avons échangé le ressort "soft-jaune" pour un "medium-rouge". En effet le modèle M est livré avec un soft. Assez étrange vu que nombreux pilotes dans les 170-180cm font quand même souvent dans les 70-80kg (la bière et l'excès de raclette étant des facteurs environnementaux provoquant la prise de poids chez nos riders locaux).
Bref, une fois la bête ajustée à l'avant il était temps de s'occuper de l'arrière. Nous avons remplacé le ressort d'origine du Ohlins (343) par un 388. Et encore on pense qu'on aurait pu miser sur du "encore un peu plus raide". Notre testeur sur ce bike pèse (tout équipé) environ 75-78kg (équipé) et est rapidement venu à bout des 200mm de débattement de la bête quand il attaquait ou avait la poignée de gaz un peu trop généreuse sur les sauts et les compressions.
Le TTX possède 3 réglages en plus de celui qui consiste à changer le ressort. Compression basse et haute vitesse avec la molette bleue et noire sur le piggy-back et le rebond avec la molette jaune au bas de l'amortisseur.
L'amortisseur est très différent de ce qu'on a l'habitude de rencontrer et il nous a fallu pas mal de temps pour nous y adapter et trouver le bon réglage. Nous avons aussi du changer nos réglages habituels de la fourche pour trouver la bonne assiette du vélo.
Un point pratique, pour changer l'amortisseur, juste deux vis à enlever et vous vous retrouvez avec l'amorto à la main grâce à la construction du cadre. Un tel plaisir qu'on en viendrait presque à vouloir démonter l'amorto pour rien^^
Un ensemble XO équipe ce bike (manette X9). C'est donc un montage plus classique que sur les versions DH (GX ou XO) avec un dérailleur à chape courte pouvant aller jusque 10 vitesses sur un corps de roue libre normal. La particularité de ce montage c'est qu'il est possible en deux-trois manips' de repasser en 10V. La course du câble est bridée par un petit ergo qui vient en butée quand on a utilisé les 7vitesses de base. Pour ceux voulant passer sur un 10V, il suffit d'enlever l'épaisse rondelle en plastique noir (qui n'est pas belle il faut se l'avouer..), rajouter les pignons manquants, enlever l'ergo sur le câble et c'est tout bon. Plutôt simple et surtout cool de laisser le choix au rider pour ceux qui veulent un montage un peu plus polyvalent.
Le pédalier en carbone est quant à lui surmonté d'un gros anti-D Gamut avec une grosse flasque de protection. Le look est un peu vieillot car maintenant les anti-D classiques se contentent juste d'un bash guard sur le bas, mais au moins avec ce dispositif là vous êtes surs de ne jamais abimer le plateau, quoi qu'il arrive. Par contre dans l'éventualité ou vous voudriez changer de taille de plateau (pour tirer plus gros), faudra changer l'ensemble.
Seul soucis au niveau de la transmission, une manivelle qui se dé-serrait en permanence.
Côté métal, on a de la jante Roval sur du moyeu DT Swiss 350. Une monte que nous classerions dans la catégorie des roues rigides comme il faut mais pas trop. Un bon mix qui garantit précision et un bon ressenti mais qui sait aussi être flex pour encaisser les coups.
Côté gomme, un gros Butcher en 2.5 à l'avant c'est top, mais un Slaughter en slick à l'arrière...? Pourquoi? Il faut croire que les californiens de chez Spécialized n'aiment pas rouler quand c'est gras! On a joué au plus cons et on a gardé cette monte sur la durée intégrale du test et quelles que soient les conditions. Le Butcher nous a vraiment séduit et le Slaughter aussi, quand c'est du bike park ultra sec et tassé. Par contre si ça devient un peu gras ou si la poussière est trop profonde, tu ne peux plus rien faire avec l'arrière. C'est étrange de trouver un pneu aussi peu polyvalent en première monte sur un vélo neuf. Peut être que les sudistes s'y retrouveront?
Les freins sont des Guide RS DH. DH car en fait c'est un mix de levier de Guide RS et un étrier de Code, plus de puissance en théorie et c'est aussi ce que nous avons pu remarquer en action. Ça marche mieux que du Guide simple sans pour autant arracher le bitume non plus à chaque freinage. Les disques en 200mm AV et 180mm AR sont un montage logique pour un vélo qui veut freiner tout en surveillant son poids.
Le guidon Specialized en alu en 800mm c'est peut être un poil large pour nous, mais bon au moins il n'y a qu'à le recouper plutôt que d'avoir à en racheter un plus grand. En diamètre 31.8 il reste assez "flexible" et apporte pas mal de confort. C'est dans la logique d'un bike qui se veut confortable et joueur.
Concernant les poignées, elles sont trop fines à notre goût et manquent de grip quand c'est mouillé mais leur lock-on simple est efficace (elles ne vrillent pas). Les grips c'est un peu comme les parfums de glace, on a tous nos préférences. Spécialized nous a servi du vanille-fraise alors que nous on est plutôt framboise-passion. Bref, on s'égare un peu du sujet là !
Du côté de notre arrière-train, la selle Specialized est confortable bien qu'on n'ait pas beaucoup besoin de s'asseoir dessus. Nous n'avons pas eu de soucis de fiabilité avec malgré quelques réceptions douteuses qui ont fini sur la selle et la matière qui la recouvre est assez résistante pour ne pas être abimée à la première chute.
Nous avons pu rouler avec ce beau Demo pendant près de 2mois. Un bon test bien long qui nous a permis de l'utiliser dans à peu près toutes les conditions (boue fin Juin, sec puis très sec fin Juillet). Un peu comme le Sender, plusieurs personnes ont donc pu le rouler mais leurs avis concordaient donc on vous livre ici notre ressenti global.
Le shooting a eu lieu sur le magnifique domaine des 7 Laux shapé par l'association Les Pieds à Terre. Nous avons pu nous énerver sur les belles pistes sous le télésiège du Bouquetin. La variété du terrain permet de mettre le bike dans toutes les situations, du gros-saut-to-bottom-out, à la petite courbe serrée, grandes droites défoncées, raides en racines et compressions à t'arracher les mains du guidon.
Merci pour ce que vous faites pour le VTT dans le bassin Grenoblois - c'est de la boulette (et en plus c'est ouvert encore tous les weekends jusqu'à la fin du mois d'octobre!)
Merci aussi à Yoann Petit, notre top-modèle du jour. Un test complet de la tenue est à venir dans les prochaines semaines!
La première prise en main est facile. Comme toujours sur les Specialized, nous nous sentons à l'aise. Bien qu'un poil large, le poste de pilotage tombe bien en main et le vélo neuf ne fait aucun bruit. Une fois les bons réglages de suspension trouvés, on se rend rapidement compte du caractère joueur du bike. Dès les premières compressions et bosses on se surprend a vouloir passer plus de temps dans les airs qu'avec les roues dans la terre.
Dans les airs le bike reste stable et on peut tirer avec précision pour le poser où l'on veut. Plutôt pratique quand c'est défoncé et qu'il faut absolument respecter sa trajectoire.
On se retrouve donc à tout tirer, tout sauter ce qui a donc pour résultat d'avoir une permanente impression de jouer quand on roule avec ce vélo. Sa longueur contenue le rend très maniable dans le sinueux et le technique mais il reste cependant plutôt stable à grande vitesse. Son cadre en alu lui donne un aspect moins exigeant qu'avec un carbone et les fautes sont facilement pardonnées, tout comme la BoXXer qui comparé à une Fox 40 va être plus douce pour votre mains et vos trajectoires.
Côté grip, le pneu arrière et les conditions humides du début du test ne nous ont pas aidé à prendre nos marques. Une fois la météo plus estivale revenue, nous avons pu véritablement le mettre à l'épreuve. La suspension gomme très bien les plus petites aspérités du terrain et procure donc un excellent grip pourvu qu'on soit bien positionné sur le bike.
Ce qui est surprenant avec ce vélo c'est son côté joueur mais aussi performant. Le système FSR comme à son habitude apporte de "bonnes" performances au pédalage, mais on sent que le vélo est rapide; qu'il ne se laisse pas faire par le terrain. Il est agile, vif et réactif. Son seul défaut en termes de comportement est sa cinématique arrière, très linéaire, au point que comme on l'a dit, il faut énormément se reposer sur les capacités de l'amortisseur pour tout ce qui est fin de course, car ce n'est clairement pas le cadre qui va ralentir tout ça de lui même. Les talonnages en fin de course sont fréquents mais heureusement la vivacité du bike fait qu'il se remet vite dans une assiette correcte pour continuer à encaisser.
Les pilotes du team Specialized Gravity utilisent les vélos d'usine; ceux que l'on peut acheter dans chez son vélociste (mais la version Sworks carbone bien évidemment). Tout ça pour dire que les seules adaptations faites pour que le vélo puisse performer sur une coupe du monde sont une biellette retravaillée (dans le but d'apporter cette progressivité dans l'amortissement auquels Bruni et Vergier étaient habitués avec le Lapierre) mais aussi une taille de cadre plus grande afin d'avoir un vélo plus stable à haute vitesse (ils roulent le L à la place d'un M). Les tracés de coupe du monde ne ressemblant en rien à nos capacités en bike park tous les weekends, nous conseillerions vivement aux pilotes "normaux" de rester sur leur taille habituelle, c'est amplement suffisant!
Specialized ne rate (quasiment?) jamais ce qu'il entreprend. Les précédentes versions du Demo avaient fait fureur tant sur les tracés des Coupes du Monde qu'aux yeux des riders du dimanche (remember Sam Hill - Gwin - Brosnan) et il n'y a qu'a voir le nombre de possesseurs de Demo en 26" qui écument encore les stations pour se rendre compte à quel point ce bike de course avait aussi su séduire les foules.
Avec cette nouvelle version du Demo et cette version alu, Specialized relance sa présence sur le marché de la DH avec un modèle qui devrait durer de nombreuses années avant d'être modifié. Le caractère joueur et très abordable de l'engin le rend accessible à tous les pilotes. Son caractère performant en fait aussi une arme pour tous ceux qui souhaiteraient tâter du chrono sur les manches régionales ou nationales de DH.
Le carbone? Qui en a besoin? Ne serait-ce que pour gratter quelques grammes et surtout vous délester de centaines d'euros supplémentaires. Notre version à 5499€ fait parfaitement le boulot et une version plus modeste à 3699€ existe aussi.
Pour résumer; on s'est retrouvé à beaucoup bonheur sur ce bike, à repousser nos limites car nous étions à l'aise. L'un des testeurs a même dit que ce serait son vélo pour la saison 2017.. c'est vous dire!
Pour ceux qui en ont déjà un DEMO 8 II Alloy et qui souhaiteraient donner leur avis. N'oubliez pas que c'est possible de le faire dans notre module test !
10 Commentaires
Pour info, combien pèse ce modèle alu ?
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Nous avons demandé les raisons pour la non indication du poids: les bikes sont souvent pesés avec des montages non définitifs pour la création des catalogues, ces poids seraient donc faux ou très imprécis. Ils préfèrent donc ne pas les donner tout en misant sur le fait que leurs vélos ont d'autres avantages à faire valoir.
Les montes de pneus influent énormément sur le poids ainsi que les pédales qui seront montées par l'utilisateur; Le même vélo avec des pneus et des pédales bien light peut gagner près de 700gr et du coup faire passer un vélo qui en ferait 17kg à 16.3kg ce qui est très différent en termes de perception de la légèreté du bike par le client.
Quoi qu'il arrive, on aurait du le peser nous mêmes et on devrait le faire pour tous les vélos afin de pouvoir justement comparer les poids annoncés au catalogue avec un poids réel - vélo livré neuf.
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Alors pour parler du Slaughter et étant pur sudiste, j'ai essayé le Minion SS -mais en enduro- qui à le même design (voir Schwalbe Rock Razor aussi), résultat:
C'est top parce c'est un pneu qui a un rendement excellent (Bruni roulait d'ailleurs le Slaughter à Cairns qui était une piste très roulante) et qui a un très bon grip sur l'angle puisqu'on retrouve des crampons assez hauts sur les côtés.
C'est moins bien dès qu'on tape dans des appuis avec de la terre meuble ou sablonneuse et surtout sur des gros freinages... Il m'est arrivé de devoir freiner tard ou arrivant très fort (après une longue ligne droite par exemple) et j'étais un peu perdu parce l'arrière n'accrochait rien, sur le coup c'est un peu la panique il faut penser soit à taper un travers (si c'est possible ) ou tout coucher en virage pour aller chercher les crampons latéraux, dans tout les cas c'est une habitude à prendre pour moi que de rouler avec ce type de pneu !
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Concernant le poids nous n'avons pas l'information. Specialized ne communique jamais ses poids, c'est assez frustrant (même sur ses modèles de route). On se demande d'ailleurs pourquoi?
De notre côté on n'avait pas de système de pesée assez précis sous la main pour oser afficher quoi que ce soit.
Dès qu'on arrive à avoir l'info on vous la transmet.
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Bon test sinon !
C'est pas ce que le mécanicien de Brosnan dit dans cette vidéo (à partir de 5 min):
youtube.com
Pour les non-anglophones, la biellette sur le Demo de Brosnan ne change que le ratio, elle ne modifie en rien la géo et ne joue pas sur la hauteur du boitier.
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Les 2 modèle sont similaires en terme d'équipements et prix, juste à l'inverse de vos test le spe à un amorto à air et le sender un ressort.
J'aurais aimé connaître votre ressenti en comparant ces 2 vélo ?
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