Vous avez été très nombreux à suivre l'évènement sur 26in et on vous en remercie. Nous allons faire dans ce (long) article une analyse de ce qui s'est passé vendredi (soir) dernier. Nous reviendrons sur une partie des résultats mais aussi sur le spot et ce que représente cet évènement unique pour la sphère VTT.
Prenez le soin de consulter nos autres news sur la Rampage ainsi que les autres vidéos de l'évènement. Pour ceux qui étaient sur une autre planète ce weekend n'hésitez pas à aller faire un tour sur le REPLAY intégral de la Red Bull Rampage 2017.
L'endroit choisi par l'organisation est le même qu'en 2016. Il est composé de 3 lignes principales partant du haut. Une sur la crête de droite, une sur la crête de gauche et une autre qui débute sur la crête de droite mais plonge rapidement sur une partie du goulet central (vue depuis le bas).
Tout shape de ligne commence donc par un choix primordial : où est ce que je veux rouler ? Car même si sur le bas il était possible de rattraper certaines lignes, le choix au sommet va définir à 70% la ligne du pilote.
La ligne "classique" sur la crête de gauche (point de vue spectateur) est engagée, plutôt fine et agrémentée de 3-4 drops imposés suivi d'une ligne rythmée de sauts à partir de laquelle les riders partent sur leurs lignes.
La ligne "droit dedans", au centre de la face est divisée en deux entrées : celle shappée par Zink, PEF et Strait, et cette shappée par Agassiz et Doerfling en 2016, rémaniée par Vinny T, Lacondeguy et Bas Van Steenbergen. Une entrée trialisante suivie d'un besoin de contrôle de son bike à très haute vitesse en faisait la ligne la plus rapide pour descendre du sommet. Comme les autres elle demandait d'en avoir des grosses, mais toutes proportions gardées, une fois roulée par tous les gars, elle ne semblait plus être si "extrème" (oui ça fait bizarre d'écrire ça). Il faut tout de même garder en tête que la moindre erreur dans le raide de 60° pouvait avoir de très grosses conséquences - mais c'est le cas pour toutes les lignes qui partent du sommet car il y a des falaises de partout.
La ligne "Gobelin", sur la droite du spot possédait quelques variantes (pour Carson Storch notamment) et pour les riders comme T Mac et Bearclaw demandait de s'envoyer le gros drop appelé "Gobelin" dont l'approche très raide et fine ainsi que la taille du drop faisait frémir les commentateurs. La ligne de crête qui s'en suit ressemble un peu à celle de gauche avec des variations dans les sauts.
Sur la partie du milieu on retrouvait quelques (très) gros drops, quelques canyon gaps avec des sections de liaisons plus ou moins plates entre certaines lignes. C'est sur le bas de cette partie que Zink a posé son énorme flat drop flip (en photo ci-dessous), que Sorge a fait son énorme flip drop (avec mini kicker) et enfin que Ethan Nell a fait son double drop agrémenté d'un suicide lors de son 2nd run.
Sur la dernière partie, on retrouve diverses bosses à trickser. Dont la principale a permis à Bizet d'envoyer son double flip et à Rheeder d'envoyer son 720.
Plus sur la droite (vu depuis l'arrivée) il y avait la bosse à tricks qu'a utilisée Ethan Nell pour son flat 360 trop stylé mais aussi qu'Andreu Lacondeguy a roulée pour son flat 360 SSG (superman seat grab).
Seuls quelques riders ont fait preuve d'originalité au niveau des lignes sur cette dernière section en prenant en Hip ces bosses (comme Kurt Sorge) ou alors carrément en faisant un mini canyon gap en hip comme l'a fait Berrecloth.
Au niveau de l'intérêt pour le run d'un rider, ces bosses pouvaient surtout permettre à un mec de perdre pas mal de points.. (si chute ou simple table top) mais ont rarement permis aux riders d'avoir un maxi score si le reste de leur run était nul. C'est compréhensible dans le sens où c'était des bosses à tricks de type slopestyle et que même s'il faut savoir poser un run de haut en bas, il semble que c'était très clairement l'engagement, la technicité et la fluidité sur les deux parties plus hautes qui influaient vraiment sur le score.
Exemples de bouts de lignes peut être "trop" propres pour une compétition qui se dit "Freeride" mais qui permettent aux riders de se concentrer sur autre choses que les graviers glissants sur lesquels ils roulent.
Et pour prouver le contraire, des bouts de lignes où c'est clairement encore bien une face de freeride - oui, il s'agit principalement du haut des lignes.
Le bout de montagne sur lequel se tient cet évènement n'est absolument pas fait pour y mettre ses roues. Les crêtes ont du être aménagées (en plus des adaptations faites par les riders) pour que des lignes puissent les parcourir. Il est donc normal que le shape prenne une partie prépondérante dans la performance des pilotes.
Les règles de shape instaurées (staff et ressources limitées) auront permis de poser un cadre de ce qui peut être réalisé dans un temps donné par les riders et leur crew. Les mecs attaquent donc la compétition avec plus d'équité qu'il y a quelques années quand les locaux débarquaient avec 10 potes et des camions de sac de sable là où les européens shappaient avec leur bite et leur couteau...
Antoine Bizet aura d'ailleurs fait les frais d'un shape trop ambitieux notamment sur sa réception de drop qui s'est effondrée avant le début des entrainements. Ce "trou" dans son run peut déjà être un élément explicatif d'une note trop basse et on serait curieux de voir à quoi aurait ressemblé son run complet qu'il avait prévu initialement.
Et enfin, oui le bas du parcours ressemble à un tas de bosses à tricks dans le fond d'un canyon, mais c'est aussi là où se trouve le public et ce serait dommage de faire finir les riders avec 200m de run à plat dans les buissons.
On n'en a pas parlé plus haut car elles étaient idéales donc RAS ! Quand on sait à quel point le vent peut sévir dans cette région, les petites bourrasques qui ont gêné quelques pilotes (surtout Strait qui n'a pas pris son 2nd départ) n'étaient rien comparé à ce qu'ils avaient subi en 2016.
En tout cas tant au niveau du spot, que des conditions météo, du public présent et du niveau de ride proposé, cette Rampage a été considérée par beaucoup comme étant la plus belle pour le moment.
Le podium de cette compétition a déjà pas mal fait couler d'encre et nous sommes bien évidemment là pour en rajouter encore un peu^^
On retrouve Kurt Sorge sur la 1ère marche qui remporte donc la compétition pour la 3ème fois. Il est suivi par une des légendes du sport, Cam Zink qui aura fait péter un record de hauteur de flat-drop flip. En troisième place se classe le très jeune local, Ethan Nell, roi du style (pas capillaire) qui aura su relever son niveau lors de son deuxième passage pour passer devant les Semenuk, Rheeder & Co. Décryptons donc ces runs !
Un drop bien tech' et de l'engagement sur la crête sont très probablement ce qui ont valu a ses deux pilotes une partie de leur note finale. Ils ont choisi d'être créatifs sur le premier drop et d'éviter une ligne classique se finissant par un relevé dès le départ. Comme quoi les petits détails comptent !
En rouge le double drop bien tendu pris par Kurt Sorge et Ethan Nell. En bleu la ligne plus classique prise par exemple par Bizet, Tom Van Steenbergen, Ryan Howard et Genon.
Allez, parlons des choses qui fâchent. Bien évidemment en bon chauvins et passionnés de gros vélo nous avons tous été choqués de la note obtenue par Antoine Bizet pour son premier run. Nous n'avons pas souhaité réagir sur le coup car c'est trop facile de s'emporter et dire n'importe quoi et nous avons attendu que tout se calme un peu. Voici donc, sous l'illustration faisant office de photo de couverture du profil FB d'Antoine, notre avis sur la question.
Partons d'une analyse simple du run d'Antoine comme nous l'avons fait pour les 3 premiers :
- Drop de départ classique, il roule vite sur la crête
- Il sort de la crête avec un bon flip qu'il enchaine avec un autre, bien plus gros
- Autre gros drop puis il rattrape sa ligne prévue pour le bas
- Front flip bien engagé sur une bosse improbable aux yeux des commentateurs, personne ne s'y attendait !
- Dernier drop sans figure
- Double flip parfait pour finir
Les points forts sont donc clairement le front de milieu de face et le double flip du bas.
Les points "négatifs" qui lui ont peut être valu d'être "pénalisé" par les juges sont : absence d'une ligne vraiment originale ou d'une partie très tech à rouler et le fait qu'il n'a pas pu rouler sa ligne prévue à l'origine (à cause d'une réception de drop qui s'est écroulée). C'est évident que son run aurait eu une autre note avec ce drop qu'il allait être le seul à exploiter.
On pense que les juges n'ont pas voulu donner trop d'importance à son double flip tout comme ils n'ont pas voulu mettre Rheeder sur le podium "juste" parce qu'il avait claqué un 720 sur un DH.
Alors oui il est évident qu'Antoine ne méritait pas d'être en 12ème place avec un run comme ça et qu'un score dans les 87pts aurait été plus approprié - c'est notre avis et vous êtes libres de le remettre en cause (dans les commentaires de l'article et en restant courtois ;-) )
Comme expliqué dans notre news des résultats, Antoine s'en sort avec un beau award du public. La preuve que son ride plait et que beaucoup de monde a estimé qu'il aurait du être mieux noté.
Genon, un run bien technique agrémenté de plein de drops à la suite. Que lui manquait-il pour passer devant un Semenuk très sketchy ?
PEF, le raide dans la face ne valait pas plus que ça ? Ok il n'a pas non plus sorti de gros tricks sur le bas mais ce n'est pas son style. Son run très pur au niveau trace ne pouvait t-il pas au moins claquer les 80pts ?
Tom Van Steenbergen et son Cave man drop (suivi par un run très très bon front en milieu de face) perd peut être le podium avec un pied posé avant de dropper dans la deuxième partie de son run.
Tyler MacCaul, un run avec des figures variées et parfaitement maitrisées, de l'engagement sur des gros drops, mais visiblement pas sur une face qui "score" plus que ça.
Kyle Strait, du raide comme Zink, un bon gros suicide et un flip sur le bas. Avec 87.33 et à seulement 3pts de Zink qui était sur la même ligne que lui peut être que ce score est justifié au vu de la différence dans les tricks ?
Bref on ne va pas remettre en cause tous les scores mais noter des pilotes sur des runs très différents en termes de trajectoires, avec des tricks et des styles qui n'ont rien a voir est très difficile. Il est bien évidemment plus facile de trouver le bon vainqueur sur une course de DH où le seul juge sera le chronomètre.
On vous laisse donc profiter d'un beau portfolio de ces finales proposé par Red Bull. Et merci à eux d'arriver à rendre ce genre d'évènements possibles et diffusés en LIVE. Merci à tout le monde d'avoir suivi la RAMPAGE sur 26in. On est content de voir que le gros vélo déchaine les passions et permet au milieu tout entier du VTT de s'afficher sur les grands écrans de la populace. Continuez à partager avec vos proches cette belle compétition qui aura su cette année dompter les dures lois du désert américain avec seulement quelques petites chutes sans conséquences et surtout une ambiance de folie ! (cliquez sur la première photo puis naviguez avec votre doigt ou les flèches pour profiter à fond des beaux clichés)
6 Commentaires
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J'espère que Redbull sera plus exigeant envers les juges et leurs imposera davantage d'objectivité!
Rampage n'est pas la grand marre des canards et les copains d'abord!
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Qu'est ce que tu entends par sketchy pour le run de Semenuk?
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Franchement quand je revois le run de BIZET (en POV c'est encore plus impressionnant) je suis vraiment dégoutté pour lui...heureusement qu'il a eu le people choice! ça montre bien que niveau jugement, il y a eu un loupé...un gros loupé...moi je trouve ça ligne freeride (en tout cas pas moins que le 3ème).
Après concernant l'avis de CG, je suis assez d'accord avec lui, mais après voilà, chacun taille sa ligne comme il veut. Mais la rampage doit rester FREE RIDE!!!!Faut pas oublier les gars...
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comme déjà dit et entendu, le run de bizet méritait bien 4 à 6 points de plus... après les scores des 3 premiers sont à mon avis bien mérités, de par leur engagement, fluidité et technicité... mater un cam zink ou un sorge en live demeure très éprouvant et kiffant... la femme de zink (avec ses deux filles à côté doit avoir de sacrés nerfs et une belle confiance pour gérer cette tension, en plus en live...
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