Depuis le début de la saison des Enduro World Series, il fallait une course de référence et ce sera donc la manche des 2 Alpes! Et pourtant, sur le papier elle avait tout d'un piège.
Sincèrement nous pensions qu'un enduro aux 2 Alpes, pendant le Crankworx, allait être difficile à organiser, lorsque nous avions reçu le programme et la carte des tracés nous étions même sceptiques, car des profils de spéciales ultra descendants, des reconnaissances illimités la veille et un format de course avec 4 spéciales sur le dimanche rendaient la course unique dans son genre.
Après la journée du samedi à reconnaitre les tracés, les visages des riders s'étaient fermés, Fabien Barel lâchant même un " Si tu veux me voir tirer la gueule, va à l'arrivée de la SP1 !".
En effet, cette SP1 était dans toute les têtes, c'était la plus longue des 4, mais surtout elle présentait aux 2/3 un "pétard" de 1,3 km, bien raide, en partie sur du bitume (pour les connaisseurs, du pont "Bienvenue, Wilkommen" jusqu'au dessus du lac, le tout en pleine chaleur, le Top 30 partant à 12h.
Donc le dimanche matin nous pouvons lire la crainte dans les regards, la tension est à son comble.
Seule une facétie de CG arrive à détendre l'atmosphère, il arrive en dérapant dans le start et tombe au moment du top départ, certains peuvent en avoir marre de cette habitude à amuser la gallerie mais avouons que ce petit moment est fort apprécié, même par les 8 riders qui restait à partir.
Nous savons que le fameux "pétard" de la SP1 est l'étalon de la journée, l'endroit où les hommes forts de la journée allaient se montrer. Nous ne sommes pas déçu, à l'image d'une étape de montagne sur le Tour la facilité de certains contraste avec la perdition des autres.
N'ayant aucun chrono intermédiaires, le seul moyen d'apprécier la performance de chacun est de voir la distance entre chaque pilote, les départs se faisant toutes les 30 secondes, c'est assez simple de voir les costauds du jour, Vouilloz, Clementz, Barel, Otton, Blenkinsop, Absalon. Le leader au général, Jared Graves, coince et finit 19eme.
Les chronos tombent et Jérôme Clementz est devant, vraiment devant, 25 secondes !
La problématique à ce moment est simple, ces 25 secondes seront-elles suffisantes face à la horde de descendeurs ? Même si Jey a un sacré coup de guidon en DH, ce n'est ni Blenkisop ni Vouilloz et de trop contrôler peut être dangereux.
La spéciale 2 est de loin la plus engagée, droit dans la pente avec des Brake Bumps de 40 cm de profond et pas de place à l'erreur. Barel nous confiait que de rouler avec des vélos en 160mm de débattement sur ce genre de piste était purement et simplement dangereux et que les meilleurs techniciens sortiraient devant.
Son analyse est bonne, malheureusement pour lui il crève et perd 1min30. Vouilloz (scratch) quant à lui gratte seulement 6 secondes à Clementz (5eme temps).
Après une petite heure de pause, place à la spéciale 3.
C'est la plus courte, 4 minutes de DH, 0m de D+, un peu comme un symbole l'arrivée se trouve à quelques mètres seulement de l'Avalanche.
C'est à ce moment que la météo commence à jouer avec les nerfs de tout le monde, de gros nuages menacent, des gouttes éparses faisant redouter un gros orage typique des 2 Alpes, mais la pluie a le bon goût d'attendre l'arrivée du dernier rider pour tomber.
Sur ce profil court et descendant, ce n'est pas étonnant de voir Loïc Bruni signer le temps scratch devant Dan Atherton et Jared Graves. Clementz confortablement installé en leader depuis la SP1 ne se contente pas seulement de gérer, il reprend même 3 secondes à Nico Vouilloz tout en restant dans la même seconde que Blenki.
Au départ de la spéciale 4, les choses sont simples, Clementz a 23 secondes d'avance sur Vouilloz et 30 secondes sur Blenki.
Pour que le show soit parfait, les organisateurs ont eu la bonne idée de poser l'arche d'arrivée au milieu du Slopestyle, donnant à la raquette d'arrivée un petit air de World Cup DH surtout avec la présence du clan Atherton, de Neethling et de tout le staff Gravity Lapierre.
Le tracé est le plus endurisant de la journée avec de la relance, des dévers et de l'engagement, tout était possible mais la victoire semblait acquise.
La pluie ayant cessé sans réussir à coller la poussière, il parait évident que Jey va remporter son premier EWS.
C'est à ce moment là que nous avons repéré Pauline Dieffenthaler (madame Clementz) entourée du clan Clementz, visiblement stressée, elle nous avoue que Jey, ayant eu peur de l'orage, a profité d'un passage éclair au stand pour monter 2 gros Muds !
C'est le seul à avoir fait ce choix risqué, car même si la spéciale est courte, l'accroche et le rendement d'un mud sur le sec est franchement éloigné d'un pneu pour terrain sec.
Plus les chronos tombent et plus les descendeurs se montrent à l'aise sur ce tracé, ce qui fait monter encore un peu plus la pression. Blenki fait péter un temps, tout le monde attend Vouilloz et Clementz ! Le verdict tombe !
Clementz gagne avec 20 secondes d'avance.
Scène rare et émouvante, après avoir enlacé sa famille, il tombe en pleurs !
3 Commentaires
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Et belle manche apparemment !
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