Bon c'est pas vraiment étonnant, Votec, on en entend très peu parler. Et pourtant, avec un rapport qualité-prix intéressant et des géométries à la page, il y avait de quoi nous donner envie d'en savoir un peu plus. On a donc voulu tester un bike, pas du tout mainstream pour une fois, histoire de pouvoir vous en parler. Aujourd’hui est donc l'occasion de vous présenter le vélo de descente de la marque germanique et sa géométrie moderne : le Votec VD Elite !
Ce DH aluminium monté sur du 27.5 dispose de 203 mm de débattement à l’avant, comme à l’arrière. Il utilise une « flip-chip » au niveau de l’amortisseur : on peut jouer sur l’angle de chasse (0.5°) et la hauteur du boitier de pédalier (5mm) sur deux positions disponibles de fixation. Le VD Elite est, d’après Votec, conçu pour performer sur les pistes naturelles et techniques qui demandent doigté, précision et concentration : on va voir ça !
Fait rare mais qui devrait être plus courant : il est normalement livré avec une clé dynamométrique et une pompe haute pression numérique. Ce n’était pas le cas de notre vélo de test qui n’est pas arrivé flambant neuf, mais vous devriez retrouver tout ça dans votre carton. Il est disponible en 3 tailles (S, M et L), affichant un poids de 15,4 kg dans sa plus grande taille, notre monture. Voilà le bestiau !
Spoiler : Ci-dessous, c'est le paragraphe où l'on parle cinématique, dédié aux geeks du matos et aux ingénieurs ; alors pour les non-initiés : rdv au paragraphe suivant !
Il s’agit d’un 4-bar linkage de type horst-link, similaire à ce qui se trouve sur les Spé, Norco (pour l’instant…), YT et Canyon pour ne citer qu’eux. On fait un petit tour d’horizon de la cinématique remaniée à la sauce Votec :
Un anti-squat élevé et un kick-back modérément haut sur l’ensemble des pignons : le vélo prendra de la vitesse naturellement et sera d’une grande aide pour le sprint final.
L’anti-rise est très bas : Votec voulait une roue arrière collée au sol pendant les phases de freinage, même dans le défoncé.
L’axe arrière recule d’environ un demi-centimètre jusqu’au SAG, puis avance jusqu’aux alentours d’une douzaine de millimètres en butée. Un comportement sain sur les impulsions et on évite de trop jouer sur le recul pour garder un arrière précis.
Nous introduisons dans ce test une méthode pour chiffrer et comparer la progressivité entre vélos : elle a été proposée par Massacre sur le forum (pour en savoir plus c'est par ici). On s’en resservira dans nos prochains tests.
Une progressivité de 20% avec la méthode P10. C’est une progressivité modérée pour un DH. Sinon mis-à-part cette simple valeur, l’évolution de la courbe ressemble un peu à celle du Myst : peu de consommation de débattement (à l’amortisseur) en début de course pour favoriser la fin de course. Cela devrait favoriser le pop et le dynamisme au détriment d’un peu de confort sur le début de course.
Pour résumer : il s’agit en théorie d’un vélo efficace pour les sprints et les relances, plutôt dynamique et qui devrait bien performer dans votre chasse aux secondes. Voilà où il se positionne par rapport aux autres.
(Cadres analysé avec Linkage X3 cliquez pour agrandir si besoin)
L’aluminium utilisé est un AL6061-T6 avec traitement thermique. Les tubes paraissent plutôt fins de profil mais imposants d’en haut. La douille de direction est soignée et la courbure en dépression a de la gueule. Classe ! Les soudures sont très propres et discrètes sur l’intégralité du cadre. Le passage des gaines se fait en interne dans le triangle avant, elles ressortent sous l’amortisseur et se fixent en externe sur le triangle arrière. Pas de bruit ni d’usure anormale de ce côté-là, c’est de bonne facture ! Les bumpers ne sont pas intégrés mais le rayon de braquage est supérieur, comme sur le Commençal Furious. Niveau standards on est en 240x76 à l’amortisseur et 12x148 à l’arrière.
J’ai eu un problème de desserrage récurrent d’un des pivots, que j’ai réglé avec un peu de frein-filet. Sinon mis-à-part quelques traces de chaussures sur le jaune : RAS ! Les griffures présentes sur les photos datent d’un test antérieur.
Manitou Dorado Expert Air 203 mm
Elle a performé correctement mais aurait mérité un entretien… La sensibilité était en deçà des 3 autres fourches que j’ai testé cette saison. J’aurai aussi aimé des réglages un peu plus fins : le rebond idéal que je cherchais se situait entre deux clics.
Le flex est impressionnant à l’arrêt. Elle vibre dans l’hyper roulant mais gomme très bien les erreurs de trajectoire dans le technique. Sur le papier, le choix d’une Dorado tient la route sur ce vélo !
Rockshox Vivid Air R2C
On ne présente plus cet amortisseur classique de chez Rockshox. Les réglages sont difficiles à trouver au début mais une fois trouvés le Vivid fait son boulot.
Schwalbe MagicMary Verstar (avant) et Trailstar (arrière)
Ils sont arrivés directement montés en tubeless mais pour info le VD Elite est censé arriver monté en chambre accompagné d’un kit tubeless dans le carton. BREF ! Les MagicMary sont une référence dans le meuble mais perdent de l’accroche sur le compacté. Zéro crevaison, zéro burp, que du bon.
E13 LG1+ avec cassette intégrée
Le moyeu est optimisé pour une cassette 7 vitesses : l’angle des rayons est amélioré. J’ai senti des roues rigides et précises qui m’ont laissé une très bonne impression. Un rayon desserré sinon RAS.
Magura MT5 203 / 180 mm
Petite bulle à l’arrière et un léger manque de puissance global sur ces Maguras : une purge a été nécessaire avant de trouver un bon mordant. Aucun problème après ça.
Manette + dérailleur Sram GX 7sp + Cassette intégrée E13 LG1+ 9-21 dents + anti-D Votec
Zéro déraillement et un passage des vitesses fluide : RAS, très bon.
Pédalier E13 LG1+
Rigide et léger, zéro jeu tout le long du test.
Cintre Level Nine 35mm 800mm + Potence Race Face Chester
La position est bonne et cohérente avec ce combo, le confort était correct.
TDS + Selle RaceFace Atlas I-Beam
Pas de jeu et position au top !
Enfin les grips Ergon étaient morts, j’ai monté les grips de mon enduro
Quand on se met au guidon du VD Elite, la position est un peu couchée mais pas aussi prononcée que sur certains autres vélos. La prise en main est intuitive : il est très maniable grâce à ses bases courtes. D’un point de vu maniabilité uniquement il serait pilotable par tout le monde mais il est peu tolérant, un débutant pourra enchainer des virages avec mais il va falloir être vigilant à l’approche du cassant.
Avant d’attaquer sur ce vélo, on doit prendre son temps : la prise en main complète n’est pas aussi immédiate que sur le Propain Rage CF à cause du tempérament nerveux du Votec. Il m’a fallu entre 4 et 5 runs pour vraiment comprendre et anticiper son comportement.
J’ai identifié 3 comportements distincts concernant sa stabilité.
Dans les portions cassantes et techniques, la Dorado lisse bien les erreurs à l’avant et permet de se frayer un chemin. A l’arrière c’est différent : les bases hyper courtes font légèrement balloter l’arrière dès qu’un impact n’est pas parallèle à la trajectoire. Pas de souci dans les portions défoncées mais moins aléatoires où les impacts sont perpendiculaires à la trajectoire (genre tôle ondulée, certaines portions de racines) : là rien ne vient déflecter l’arrière et le comportement du vélo est homogène.
A très haute-vitesse le Votec n’est pas le plus agréable à rouler : l’avant fait un peu mal aux mains et il se positionne un peu aléatoirement avec le flex de la Dorado. L’arrière suit le tout tant bien que mal mais le ratio de compression rend le vélo inconfortable sur la première moitié de course lorsqu’on décide d’y aller franco.
La philosophie derrière ce montage c’est d’apporter plus de tolérance à l’avant avec une Dorado très flex pour rendre ce cadre hyper incisif et rigide plus tolérant. Le problème c’est qu’on se retrouve avec deux comportements différents à anticiper sur ce vélo. Les limites d’accroches à l’avant sont aléatoires à haute vitesse mais parfaitement perçues à l’arrière. En gros on a un peu l’impression de rouler sur un couteau à beurre à l’avant et un scalpel à l’arrière.
Concrètement ça donne quoi ? Mon plaisir à moi c’est d’aller taper au fond des virages pour corriger mes trajectoires. Dès que je peux j’ai tendance à débouler complètement à l’arrache, pied à terre (#flatformedal \m/), vélo de travers et roue arrière bloquée en comptant sur mon pote le relevé pour me remettre droit sur un coup de cul. Le running-gag de ce test c’était de me faire systématiquement éjecter par-dessus le premier relevé de la journée dans un nuage de poussière monumental. Ce genre d’approche de bonne volonté mais à refus constant.
A l’approche de la concave, l’arrière rigide parvenait à monter sur le virage mais la roue avant restait bloquée en bas sous l’effet du flex de la Dorado. Déjà dans une position très bizarre, le flex se transforme en retour de fourche et pour cordialement me catapulter hors du vélo. En résumé le montage ne convient pas à tous les styles alors : arrête de rouler comme un cochon, concentre-toi sur ta fluidité et termine sur le podium !
Niveau dynamisme le Votec VD Elite prend la tête du classement devant le Myst Team. Il obéit au doigt et à l’œil et retranscrit très bien les intentions du pilote. Les changements d’angles sont très vifs ! Accrochez-vous !
Le VD Elite suit parfaitement la ligne pour laquelle il a été étudié : la race, les pistes naturelles techniques et la précision. C’est ma nouvelle référence en termes de dynamisme, il pédale exceptionnellement bien et prend de la vitesse naturellement sans forcer. A son guidon on a vite fait de transformer son style de pilotage vers quelque chose de plus aérien : son impulsion vive et sa bonne retranscription des gestes donnent de nouvelles possibilités de trajectoire. C’est un vélo avant tout efficace qui n’a qu’une seule mission : le podium.
Le Votec pêche en stabilité et il aurait été intéressant de le tester avec un amortisseur hélicoïdal pour lui faire perdre un peu de pop et gagner en confort. Aller vite ? C’est possible mais… Il faut s’y cramponner et on se fait pas mal secouer : il est très physique à piloter dans le roulant.
J’ai appris à mes envols dépens que le léger mismatch entre la fourche et le cadre oblige une conduite propre et réfléchie. Si tu ne jures que par les pistes hyper-roulantes et que tu fais dans le champignon nucléaire de poussière à chaque occasion ce vélo risque de t’en faire voir de toutes les couleurs. En revanche si t’aimes les pistes naturelles (Pyrénées vous êtes là ?!) et que t’as le physique d’Oliver Gough d’Aaron Gwin, ce vélo devrait tout à fait répondre à tes attentes.
Le Votec VD Elite est disponible à 3199€.
2 Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire