Test Nicolaï Helius AFR 2010

Géométrie / prise en main :
L'angle de chasse du cadre a été modifié à la commande afin de l'ouvrir davantage, passant de 66,8° à 66°. (A noter que pour 2011, Nicolaï fixe l'angle à 65,8° sans coût supplémentaire).
Avec la BOS N'Dee qui fait la même hauteur qu'une Boxxer ou Idylle, mon angle de chasse a été mesuré à 65,8°, soit une valeur parfaitement adaptée à mes parcours assez lents et techniques.

Le cadre est assez court (top tube) pour mon mètre 78, mais c'est ce que je cherchais, sachant que le vélo reste stable avec un empattement de 1163mm.
Vous trouverez la géométrie facilement sur le site Nicolaï.

N'ayant pas changé de cintre par rapport à mon ancien vélo (Chromag recoupé à 730mm), la prise en main a été quasiment immédiate, on se sent tout de suite en confiance, prêt à attaquer sans pour autant être emmené par l'effet paquebot de certains gros DH.

Venant d'un gros enduro de 15kg, j'avais très peur d'être gêné par le poids supplémentaire, mais il n'en est rien, le vélo relance très bien mais surtout il est vif et rigide, ce qui le rend très fu

Suspensions / comportement :
Initialement j'avais prévu de monter une Rock Shox Totem SA mais au dernier moment j'ai craqué pour la référence des fourches simple T de 180mm de débattement. En effet je voulais avoir un guidage de l'avant sans défaut car pour moi si l'avant passe le reste suit. Ainsi la BOS N'Dee est sans doute le plus gros atout de mon montage, elle permet des prises d'angle que je n'imaginais pas pour moi, une lecture du terrain parfaite tout en restant haute dans les parties pentues. Attention cependant, j'ai mis un peu de temps à trouver mes réglages. D'ailleurs ceux-ci se font grâce à un tournevis, ce qui est moins rapide mais permet de ne pas les modifier malencontreusement et puis une fois le bon réglage trouvé, on n'y touche plus. L'axe de 20 n'est pas en serrage rapide comme une Totem, il y a 4 vis à déserrer avant de pouvoir dévisser l'axe. C'est donc beaucoup moins pratique mais bien plus rigide qu'un Maxxle, ce qui à long terme va avoir une répercussion sur le fonctionnement de la fourche car celle-ci va toujours travailler parfaitement dans l'axe. La peinture de la fourche est un peu fragile je trouve mais la finition générale est sans doute la meilleure du marché, surtout l'intérieur. Elle est un peu lourde (3kg mesurés), mais diablement efficace et fiable. Les joints mettent un peu de temps à se rôder mais maintenant le fonctionnement est parfait pour peu que l'on sache la régler correctement. Si l'on ne sait pas, les gens de chez BOS sauront vous aiguiller pour trouver le réglage idéal, c'est le deuxième point fort de la marque.
En clair on sent que cette fourche a été bien pensée et que rien n'a été laissé au hasard, elle est faite pour performer, longtemps. Le amateurs de matos ultra light mais ultra jetable repasseront.

Couplé à la cinématique de suspension Horst Link, on retrouve un Vivid 5.1 qui a été choisi pour son excellent rapport performances/prix. Nicolaï peut vous monter sur votre cadre l'amortisseur que vous voulez (ou presque), c'est le porte-monnaie qui décide!
La cinématique Nicolaï est très progressive, il est difficile de talonner, même mal réglé. Le Vivid fait le boulot, il marche bien, un ton en dessous de la fourche mais rien de choquant. Je lui reprocherais un léger manque de détente, surtout sur la cinématique des Helius. Autrement il ne m'a jamais pris en défaut, il vaut toujours mieux une détente trop lente que trop rapide de toute façon. Malgré quelques critiques de certains sur sa fiabilité je n'ai noté aucune faiblesse à ce niveau. On verra par la suite si je ressens le besoin du passage à un BOS Stoy ou Elka Stage 5, qui transfigurent un vélo paraît-il.

Sur le terrain le vélo est très saint, que ce soit en l'air ou au sol, je ne suis tombé qu'une fois ou deux en plus de 6 mois de roulage alors que je tombais très souvent auparavant (sachant que je roule en descente et en compétition de temps en temps). Ce n'est peut-être pas une bête de chronos, mais il est parfait pour progresser vite en s'amusant, ce qui n'est pas toujours le cas des DH purs. A la base je voulais un mini DH mais on sent qu'il a les gènes d'un freerider: d'une part il est difficile de le faire talonner, surtout derrière et d'autre part la sensibilité en début de course n'est pas aussi pointue que sur un pur DH de nouvelle génération. A noter que l'équipement que vous lui mettez va énormément orienter le comportement. Un BOS Stoy avec un setting adapté transformera le vélo par exemple.

Mais ce très léger manque de sensibilité est en fait au service de la relance et du pédalage, avec un montage plus typé enduro, il peut faire mal en DH marathon. D'ailleurs je me rends à mon local spot avec une grosse montée sans prendre la voiture. C'est un des points forts du vélo: la possibilité de pédaler. Malgré un montage pas vraiment light, il est étonnamment bon en relance. De plus, le puits de selle est ininterrompu et incliné, ce qui fait que lorsqu'on monte la selle, on retrouve une meilleure position pour pédaler: bien pensé!

En descente le vélo est très maniable, vif et fun. Je crois que l'essentiel est dit, il préfère les épingles serrées entre les arbres que les grands boulevards à touristes. Il répond bien sur les sauts et n'avale pas les appels, et c'est cela qui rend les purs DH un peu ennuyeux parfois

Freinage :
Je viens de Juicy 7 que j'adorais et je voulais la même chose mais en plus puissant et sans le réglage des plaquettes que j'ai toujours trouvé inutile. Donc j'ai pris des Elixir R, ça freine légèrement plus fort que les Juicy 7 mais l'attaque est un peu plus "on/off" mais j'aime bien. Equipé je pèse un peu plus de 80kg et j'aime sentir que ça freine fort, c'est réussi.
Les disques sont en 203 et 185mm, ce qui me suffit amplement, surtout pour la région.

De plus ces freins sont fiables, faciles à purger et très répandus, donc en cas de casse ils sont faciles à réparer. Enfin ils se trouvent à bon prix, surtout par rapport aux performances

Transmission :
Le pédalier est un Shimano SLX que j'ai préféré au XT qui ne possède pas d'inserts en acier. Il est légèrement plus lourd (quelques grammes) mais est conçu pour les pratiques engagées. De plus il est très bon marché, bien conçu, fiable et suffisamment rigide pour moi (moins qu'un Saint cependant).

Il est couplé à un mono plateau E-Thirteen en 36 dents très léger qui semble indestructible depuis le temps que je l'ai.

En anti-déraillements, j'ai opté pour le nouveau E-Thirteen LG1, encore une référence de par son efficacité et son poids minime, je n'ai jamais déraillé depuis que je roule avec.

La chaîne est une Shimano XT avec un PowerLink SRAM pour un démontage facile et pour éviter que la chaîne se dérive à l'endroit où vous l'avez rivetée (lors des grosses relances notamment), c'est un soucis récurent chez Shimano. Dommage car les chaînes Shimano durent en général plus longtemps que les SRAM. Du coup avec cette petite astuce, plus aucun soucis de bris de chaîne.

La cassette Shimano XT est assez ample afin de pouvoir pédaler un petit peu, les cassettes route sont trop restrictives à mon goût. Ma cassette ne montre pas de signes de fatigue mais je roule peu, du moins pas en enduro.

Enfin le dérailleur est un SRAM X9 chape courte, un best seller, sans doute le meilleur dérailleur pour les pratiques engagées à ce prix. Absolument aucun soucis depuis qu'il est monté, une valeur sûre

Autres périphériques :
Amoureux de beau matos je me suis quand même fait plaisir avec de jolies pièces comme la potence, le cintre, la tige de selle ou encore les pédales. D'ailleurs celles-ci sont absolument géniales, très larges, des picots larges pour ne pas s'exploser les tibias le tout avec un grip de folie (avec des FiveTen). Bien qu'elles soient très chères, elles sont reconditionnables à l'infini ou presque, tout est remplaçable.

La selle est assez rare mais légère, pas chère malgré les rails en titane et très jolie je trouve, une bonne surprise.

Les grips sont une référence, très confortables, à réserver aux grandes mains et attention à ne pas tomber dans la boue sinon vous aurez du mal à la retirer et retrouver l'excellent grip qu'ils ont quand ils sont secs. Ils sont relativement chers par contre.

Au niveau des pneus, je possède encore des Michelin DH16 et 24 dont je suis totalement fan, bien qu'ils usent relativement vite. Je viens d'ailleurs d'acheter un Maxxis Minion DHF en 2,5" pour remplacer mon DH24.
Enfin et surtout, les roues. J'ai voulu essayer de monter des roues d'enduro/freeride pour économiser de l'argent et du poids. Et bien dans les deux cas c'est raté. Je m'explique: d'une part les CrossLine pèsent plus de 2250 gr, ce qui est très lourd, surtout pour le programme auquel elles sont destinées.
D'autre part elles poquent assez facilement et se voilent sur les sauts en transfert, sans doute à cause du faible nombre de rayons: 28. De plus la conception est inattendue car les rayons ne se touchent pas à l'endroit où ils se croisent, ce qui fait perdre beaucoup de rigidité à la roue. Ces roues seront donc changées au profit d'un montage à la carte à base de moyeux Hope, une valeur sûre. Je garderai les CrossLine pour mettre mes pneus boue dessus et éviter d'avoir à changer les pneus dès que les conditions se montrent capricieuses

Points forts :
-Le soucis du détail Nicolaï, inégalé.
-Optionable à l'infini
-Rigide
-Bon rapport qualité/prix
-Simple et efficace
-Fait pour durer
-Made in Europe

Points faibles :
-Poids du cadre peut-être un peu élevé mais si on veut que ça tienne dans le temps...
-Roues
-Très léger manque de détente de l'amorto
-Les vélos Nicolaï sont fortement addictifs

Avis perso :
A l'époque où je voulais changer de vélo, je cherchais un mini DH efficace, bien fait et extrêmement fiable et bien on peut dire que mon pari est gagné. Les Nicolaï sont des vélos de caractère auxquels ont s'attache vite pour une multitude de raisons:

->D'abord on n'achète pas un Nicolaï comme on achète un vélo tout prêt pensé pour vous dans un catalogue, entre le moment où j'ai décidé d'acheter un Nicolaï et le jour où je l'ai reçu, il s'est écoulé plus de 6 mois car il faut du temps pour tout choisir: ses options (absolument tout est possible), la peinture ou l'anodisation, la couleur, le sticker, la géométrie, l'amortisseur, le type d'axe, etc. Bref c'est un vrai casse-tête auquel on se prête bien volontier...

->Ensuite un Nicolaï ça se mérite, une fois que le distributeur (Draille Bikes) a passé la commande à Nicolaï il ne peut s'écouler moins de 6 semaines avant que votre magasin reçoive le cadre (ce qui est un délais correct vu les prestations personnalisées. A noter que les géométries perso prennent souvent autant de temps à être réalisées que les cadres classiques.

->D'autre part, qui dit montage à la carte, dit qu'il faut réfléchir à tout choisir minutieusement sans se tromper, c'est parfois complexe mais ça reste vraiment génial de se dire qu'il n'y aura jamais aucun autre vélo comme celui-ci.

->Un Nicolaï c'est fait pour durer, les roulements sont de qualité, ils sont montés avec suffisamment de graisse (ça se fait rare), il y a une multitude de détails introuvables chez les autres marques (protège base intégré, toutes les pièces sont usinées CNC, passage des câbles, etc.), la finition est à tomber par-terre, les soudures sont parfaites, les peintures sont très épaisses et cuites au four, les anodisations ne se limitent pas au noir... Bref, pour faire simple, je me surprends parfois à rester devant le vélo juste pour admirer le travail réalisé. Au passage, les cadres sont garantis 5 ans et la garantie est transmissible au prochain acheteur...

->Enfin ce sont des vélos particulièrement funs à rouler, je roule plus qu'avant et à chaque fois je m'éclate à son guidon, et ça c'est inexplicable.



L'Helius AFR est un vélo fait pour les personnes qui cherchent à rouler différent sans se prendre la tête, depuis que je l'ai monté au mois de janvier 2010, je l'ai démonté une fois pour voir et tout marche comme au premier jour malgré quelques bons bains de boue... Je connais d'ailleurs des possesseurs de Nicolaï qui n'ont pas changé leurs roulements après 3 ans de ride en DH, tout est dit.
Donc si vous cherchez un vélo qui marche fort, très bien fini, facile à vivre et fun, ne vous posez plus de questions.
Au contraire si vous voulez quelque chose de très léger (si vous changez tous les ans), avec un système de suspension ultra complexe avec 32 roulements parce que c'est plus mieux il paraît et avec des tubes coudés dans tous les sens alors passez votre chemin.

Pour conclure je dirais que ce vélo n'est pas sans défauts, j'ai eu du mal à les trouver au début (c'est pour ça que j'écris ce test que 7 mois après le premier roulage), mais tous ses défauts sont au service de qualités. Un vélo de compromis quoi... Reste que je suis complètement addict à la marque et que je connais déjà la marque de mon prochain.


Informations complémentaires :
Un montage extrêmement fiable qui a été réalisé dans le but de durer le plus longtemps possible avec un entretien régulier mais limité