Test Kona Entourage 2012

Géométrie / prise en main :
La géométrie de l’entourage est assez extrême. A la fois il reprend les formes du DH Opérator, et en même temps il s’oriente très franchement vers une autre discipline, le pur Freeride ! Pour se faire, il passe en 170mm avant et arrière, garde un angle conséquent, et raccourcit les bases autant que possible. Le but avoué : Se faire plaisir en roulant. Tant mieux c’est ce que j’aime !

Alors pour les valeurs marquantes, on retiendra :
-Des bases en 414 mm ! Là où 90% des tous suspendus se trouvent entre 425 et 435 mm. Plus proches d’un 4X que d’un vélo de descente !
-un boitier de pédalier à 343 mm de hauteur, ce qui avec le bash d’origine fait une hauteur de 255 mm – 170mm = 85mm de marge ce qui fait peu !
-un angle de tube de selle de 76° très penché.
-un angle de chasse de 65° orienté vers le D- donc.
-un empattement assez long : 1133mm

Donc les connaisseurs pourront résumer ca ainsi : un vélo trapu de l’arrière, avec un avant assez long. Théoriquement un vélo nerveux en sortie de courbe, mais relativement stable quand même. Un peu le beurre et l’argent du beurre… ou comment exprimer des années d’expérience sur un cadre.

Dans le collimateur, je vois 2 prétendants : Le SX trail et le voltage FR. Deux beaux bébés s’il en est.

Pour partir sur de bonnes bases, le cadre est réalisé avec sérieux et respire la robustesse. Que ce soit les roulements énormes sans porte-à-faux, ou les tubes qui sonnent plein, on se rend vite compte que le but n’a pas été de gagner 10g, mais plutôt 10 ans. D’ailleurs la garantie à vie est là pour montrer que les ingénieurs de chez Kona ont confiance en leur boulot ! Pour les bourrins ou les poids lourds, cela peut vite devenir un critère essentiel de choix ! Il n’y a qu’à voir la pièce qui fait la jonction entre le point de pivot principal et le bras arrière pour comprendre.
Pour ce qui est des standards, Kona l’a joué dans la mode (comprenez au top de ce qui se fait actuellement). On retrouve une douille de direction conique avec jeu de direction Zero Stack (sans déport) ; à l’arrière un moyeu en 150 mm avec un axe de 12 mm pour une solidité et rigidité au top, et enfin un boitier de pédalier en 83 mm avec plots Iscg05 pour un montage aisé de l’antidéraillement.

What else ? Quelques détails sympathiques sur le cadre qui sont toujours bienvenus, comme le sigle Kona en relief de fort belle facture, la couleur noir mat très sombre qui donne un rendu assez fantastique, et des formes tout en douceur qui charment tout le monde.
Comme je le disais, une très bonne base ! Le vélo dans cette version est équipé de manière très simple, mais néanmoins robuste. Nous avons pesé l’ensemble à 18kg tel quel, prêt à rouler, ce qui laisse présager de beaux montages ! Car même si cela est plutot lourd, comme nous allons le voir, il y a du gain à faire de partout ! Et gardons en mémoire le montage d’Aggasiz qui est de l’ordre des 15kg5 !


Suspensions / comportement :
Vient ensuite l’équipement. Et en particulier les suspensions avant et arrière.
Kona l’a joué bas de gamme fiable et simple. Un seul mot d’ordre : pas de réglages ! Nous retrouvons 2 classiques, inspirés du haut de gamme, mais qui se trouve tout en bas en terme de tarif. Le cadre hérite ainsi d’un amortisseur Vanilla R, avec bombonne. Dont les seuls réglages sont la détente et la précontrainte du ressort, ce qui fait peu à l’âge des hautes/basses vitesses. Pareil à l’avant avec la Domain R, pas de cartouche de compression, un ressort et une cartouche de détente tout ce qu’il y a de plus basique.
On n’a donc pas trop le choix des réglages. Ce qui soit dit en passant peut être un point positif pour les débutants, qui ainsi ne se perdront pas dans des théories fumeuses, et auront un vélo toujours équilibré. Car oui les suspensions sont très équilibrées pour le meilleur et pour le pire. A la fois le vélo est assez dur en début de débattement, et en même temps on aura du mal à aller talonner comme un cochon.
Bien sur on voit vite les évolutions rapides possibles, comme le changement des ressorts, pour s’adapter à son poids. Mais en l’état, il faut quand même garder à l’esprit que l’on ne retrouvera pas l’onctuosité et le déclanchement d’un DH équivalent (comparaison faite avec un Supreme Opérator : donc de la même géométrie).

Ainsi suspendu avec 170mm de débattement, l’Entourage permet de voir venir. Alors bien sur avec le repositionnement des enduros (allant maintenant jusqu’à 180mm) et en particulier dans la même gamme du coilair, certains auront l’impression d’avoir peu. Mais cela est purement théorique, et rappelons le dicton : « mieux vaut avoir peu et bien géré, que beaucoup mal réglé ». Et de là à dire que 170mm est « peu », il y a quand même un pas que nous ne franchirons pas ! 170mm sont largement assez dans la plupart des cas ! Il faut juste intégrer le concept qui veut que c’est votre style et votre niveau qui va vous faire aller vite et haut, pas le vélo. A partir de là, Yannick G. pourra aussi bien sauter un gap de 8m en rigide, là où un clampin en V10 ne se lancera pas sur 50cm… Et si vous avez cliqué sur ce test c’est sans doute que votre style de ride vous oriente vers ce genre de bike « fun », alors ne regardez pas ce paramètre de taille, puisque « la taille ne fait pas tout » comme se tue à vous rappeler votre copine !

Dans le cas de l’entourage, nous pensons que la limite viendra des suspensions bas de gamme bien avant le débattement du vélo. Mais tout reste cohérent, et m’a convaincu dans l’ensemble. Bien qu’avec mon niveau d’exigence, si c’était mon vélo il y aurait du changement !

Le comportement est comme prévu très joueur. Grace aux caractéristiques énumérées ci dessus, le vélo est hyper bas, rigide et nerveux. Pour être honnête, j’ai l’habitude de rouler exclusivement en taille S, et je peste en général sur les cadres en M. Sauf pour cet Entourage ! J’ai mis très peu de temps à me faire à la dimension du bestiau, et même si je rêve d’un S, je suis obligé de dire que le M est déjà bien, ce qui est très rare de ma part, et qui en fait donc un vélo compact. Ca tourne très bien, on sent bien le vélo dans les courbes serrées, qui sont un régal. Les appuis bien francs et un peu fermés où il faut mettre les épaules ne sont pas une formalité, mais une drogue ! Attention quand même, Si on est trop sur l’avant et que l’arrière part, ca pardonne pas ! La faute aux bases hyper courtes, mais ca fait de belles rigolades, avec des tête-à-queue à basse vitesse. Par contre difficile de se faire à ces vélos très bas. Les pédales tapent de partout, les pieds touchent souvent le sol, et ca par contre c’est dangereux. Il est nécessaire d’adapter son style de ride au vélo si comme moi on roule en changeant d’appuis. Mais quand ca passe sans réfléchir, putain c’est bon !

Sur les sauts, le vélo étant équilibré, on est vite à l’aise. Je me suis juste trouvé souvent trop en arrière, avec la roue dans la raie à la réception, ce qui n’est pas dans mon habitude. Je ne l’explique pas. Position / angle de la selle ? Débattement de la roue ? Ou une fois de plus une conséquence de la géométrie un peu extrême ? En tout cas, ca vole, pas de soucis là dessus. Une fois de plus c’est bien rigide à l’atterrissage, ca broche pas, et ca mérite qu’on lui mette un peu dedans.

Pour ce qui est de pédaler : Ca sera un nom négatif et définitif ! Sans négociation. C’est pas fait pour ca ! On pousse avec l’Entourage, un point c’est tout ! Le tube de selle trop court ne permet pas une grande variation de réglage (de l’ordre de 10cm tout au plus).


Freinage :
Autant l’équipement global du vélo ne fait pas rêver, autant les freins sont une très bonne surprise ! Les Code-R (une fois de plus) sont de très bons freins, tout à fait adaptés au programme, c’est à dire rouler en station sans se prendre la tête. Ici présents en 200mm à l’avant et 180 à l’arrière. Fiables et constants tout au long du test malgré quelques descentes pointues pour cette partie du vélo. La garde reste constante (et réglable), pas de soucis d’échauffement, un touché très bon, et une puissance toujours présente. Toutes les personnes qui sont montées sur ce vélo ont remarqué ce détail loin d’être négligeable

Transmission :
Affublé un FSA Gap un peu lourd, et d’un antidéraillement E*13 FreeChucker une fois de plus dans le programme, nous sommes comme précédemment dans la partie FR costaud sans fioriture ni de style ni de technologie, ca marche, et c’est bien ce qu’on demande à un pédalier ! Pour les vitesses, si tenté qu’elles aient une utilité quelconque, Kona a opté pour le mauvais X-7, qui bien qu’ayant évolué dans le bon sens, n’est pas un bon dérailleur. A changer quand il sera totalement fatigué. La commande 9 vitesses bien sur (mais en X5) joue son rôle moins primordial il est vrai

Autres périphériques :
Commençons par les trains roulant. On va se répéter, mais on est toujours dans le même délire. Du gros bien lourd, là pour fonctionner longtemps sans se prendre la tete. Des jantes WTB Devo Sport qui n’ont pas prises de voile, des moyeux dans la moyenne, mais que l’on a pas pu prendre en défaut ! Pour les pneus, une monte classique, Maxxis Minion DHF 26x2.5 à l’avant, Maxxis High Roller 26x2.5 à l’arrière, qui permet de rouler directement sans avoir à changer de matos. Petite valve pour les chambres, ce qui reste une connerie pour le programme, mais tant que c’est que ca…
Les pédale on n’en a pas eu dessus, donc nulles, mais des fois vaut mieux rien que de la merde.

L’ensemble selle, tige de selle, cintre potence, poignées, sont, comme souvent sur le bas de gamme signés par le constructeur lui même, en l’occurrence KONA (gamme DH). Le guidon de 780 mm d’origine est une fois de plus dans la mode. La potence est très jolie, avec très peu de matière ; 50mm de longueur, et des poignées dont le grand défaut est d’être blanches… très peu de temps. On remarquera les embouts de guidons fermés. Bien vu !


Points forts :
Vélo pour l’extrême, à la portée de tous
Robuste et simple
Géométrie osées (enfin !)
Joueur
Equipement cohérent
Freins adaptés au programme

Points faibles :
Poids
Suspensions bas de gamme
Rapport Prix/équipement ?
Bas pour le franchissement
Sortie de selle

Avis perso :
Le Kona Entourage d’entrée de gamme est un vélo parfait pour quelqu’un qui veut faire du freeride sans se prendre la tête, sur un vélo fiable, cohérent, et très simple. Le vélo est en plein dans son statut de vélo d’appel dans la cour des grands. Développé par un pro rider qui a la cote, profitant de la renommée et de l’expérience de la marque mythique qu’est Kona, il ajoute à ca une petite pointe de piquant avec une géométrie un peu extrême, qui lui donne ce petit plus par rapport à la production mondiale parfois un peu terne en la matière. En contre partie, il n’est pas fait pour aligner une coupe du monde, plutôt une Rampage si vous voyez ce que je veux dire…

Je parie sur 2 choses, la première, c’est que ca va être un must-have l’année prochaine en station, aussi bien en location que chez les particuliers, et la deuxième qu’un paquet de marques vont s’engouffrer dans ce genre de géométries, inspirées de la DH moderne, mais avec cet esprit freeride (impliquant robustesse, fiabilité, et amusement).

Au prix de 2500€ en magasin, il sort un peu au dessus du tas de vélos d’entrée de gamme, qui débute plutot vers 1600€, mais cela nous semble justifié par un équipement cohérent, une garantie à vie, et le nom apposé au cadre.

Cependant, pour les riders expérimentés, bien que le cadre soit une base parfaite, le vélo équipé comme tel devra subir des évolutions majeures pour répondre à leurs besoins. Et dans ce cas là, autant se tourner directement vers l’Entourage Deluxe, bien plus cher (4000€), mais nettement plus luxueux pour le coup. Pour ma part je rêve la nuit d’un entourage brut, équipé en suspats à l’air, pourquoi pas le montage d’Aggasiz avec le vivid air, et des roues et quelques périfs de couleur un peu light tirées de l’enduro qui me suffiraient amplement. Le tout en S, avec un poids disons sous les 16kg… ce qui paraît tout à fait faisable si le budget suit. Un tel bike serait un sex toy de freeride !

Pour conclure, Kona a trouvé un vrai remplaçant du Stinky, a même de remplacer cette légende dans le cœur des anciens, mais aussi de le devenir dans celui des plus jeunes, comme le montre notre article sur les légendes : http://www.26in.fr/news/3692-coup-de-neuf-sur-les-legendes.html


Informations complémentaires :
Ce vélo a été prêté par Kona France, pour le compte de 26in dans le but de réaliser le test journalistique. Il s’inscrit dans une série de tests sur les vélos qui ont marqués la décennie : http://www.26in.fr/news/3692-coup-de-neuf-sur-les-legendes.html

L’équipement est d’origine, à l’exception des pédales non fournies, ajoutées par nos soins (Atomlab GI). Le tube de selle a été raccourci de 10 cm pour s’adapter à ma taille.

Merci au shop Moana à Grenoble pour l'entretie