Test FORMULA Selva S

2 tests FORMULA Selva S.

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Note moyenne : 7,5/10
beniitoo

De l’amour à la haine

Avis sélectionné
Profil du testeur : 28 ans | m | Avancé
Acheté : 1000€ en magasin
Conditions du test : Toutes conditions, sec, humide, gras, neige Bike park, enduro et trail

Points forts

-Fourche pour les geeks et les fanas du tuning
-Design
-Rouler différent

Points faibles

-Fiabilité pas terrible
-Entretiens ultra fréquents et cher
-Disponibilité des pièces (ruptures de stock fréquents) et manque de représentation en magasin

Je préfère prévenir, ce qui va s’en suivre est totalement négatif au sujet de cette fourche. Après tout, on s’ennuie à force de lire que des avis toujours positifs sur le matos !

Pourtant considérée comme l’une des meilleures fourche d’enduro par de nombreuses revues spécialisées, la Formula Selva n’est pas exempte de petits défauts qui finissent par agacer à la longue. Donc après avoir moi même au bout de quelques sorties, écrit un premier test positif et plutôt flatteur, il est temps de contrebalancer et d’expliquer la raison pour laquelle je m’en sépare deux ans plus tard.

Alors pourquoi ?


La principale cause de cette séparation, elle est à la fois simple et déroutante; la Selva, on finit par s’en lasser ! Elle manque cruellement de caractère. C’est malheureusement la faute à son principal atout … sa (trop) grande polyvalence ! Alors attention, ça reste une très bonne fourche, ne nous méprenons pas. Mais à être trop polyvalente elle laisse comme un arrière goût d’imperfection, comme si on ne savait pas trop pour quelle type de pratique elle est réellement conçue. À cela s’ajoute quelques travers qui finissent par la dévaluer sur le long terme. Voyons cela en détails.


Sensibilité en berne, chaque sortie elle s’endurcie


La fourche perd assez rapidement en sensibilité. Run après run. Particulièrement en condition extrême, poussiéreuse et boueuse. Elle se remplit vite de crasse, faute aux joints SPI basse (trop basse) friction. Ils se gavent vite de poussière et pire, bavent de la graisse en permanence, même quand ils sont tout neufs à tel point qu’il se forme rapidement des gros paquets de crasse sur les plongeurs. C’est très pénible car ils sont toujours dégeulasses, été comme hiver. On a l’impression de rouler avec un bas de gamme de chez Suntour. Il faut donc bien se l’avouer, les joints s’usent relativement plus vite que la moyenne et ne sont pas très efficaces dans les conditions les plus rudes. Le lower leg service est la seule option pour retourner un minimum de feeling et préserver les plongeurs.... du moins temporairement.


Maintenance, elle préfère rester bien au chaud à l’atelier !


Justement en parlant de services, il est bon de noter que la fréquence de maintenance est vraiment trop élevée. Dire que l’entretien est contraignant est un doux euphémisme.

En effet il faut absolument procéder au lower leg services toutes les 30H maxi (voir bien avant à cause des pertes en sensibilité décrites précédemment) ce qui est trop short face aux 50h de Fox et RS. Il faut aussi compter sur un service complet assez costaud (vidange de cartouche et changement de tous les joints) maxi toutes les 100 heures, là ou encore une fois on table sur un bon 200 heures chez les concurrents.

En parlant de service complet, comble du comble, les bagues de guidages sont aussi à changer tous les ans. Elles prennent un jeu énorme... chaque année !!!. Quelle merde il n’y a pas d’autre mots. (Un revendeur agréé ma confié que c’est le talon d’Achille de Formula).

Et s’il n’y avait que ça... En deux ans, deux plongeurs morts a cause des foutus bagues trop fragiles qui finissent par casser et marquer irréversiblement les plongeurs sans prévenir, d’un seul coup ! Pas terrible pour une fourche de cette gamme pourtant parfaitement entretenue aux intervalles recommandés. Au final, j’aurais dépensé une petite fortune à chaque service complet pour qu’elle soit toujours en parfait état de marche. Rouler en Selva c’est comme rouler en Ferrari, il faut assumer et préparer un budget confortable. Et puis les délais c'est vraiment abusé… Bon courage pour trouver un atelier local qui ait toujours des pièces détachées en stock et surtout qui soit capable de réaliser un service sans immobiliser la fourche trop longtemps. La dernière maintenance complète en date a pris plus de 2 mois à cause de pièces en rupture de stock... Donc 2 mois sans rouler à attendre que son altesse Selva soit de retour. Allez ciao Bert on ira rouler plus tard.


Gestion hydraulique interchangeable , un gadget que l’on oublie vite.


Tout l’intérêt de la Selva se résume exclusivement aux CTS lui permettant d’avoir multiples visages et d’être ultra polyvalente. Ces petits blocs compression interchangeables afin de modifier la courbe de compression à haute et basse vitesse sont, il faut l’admettre, le seul réglage que tu utilises vraiment. Oui mais voilà, si tu ne disposes pas de l’ensemble des blocs compression disponibles pour parfaitement régler la fourche en fonction du terrain et de ta pratique, la Selva n’a aucun intérêt on va être clair. Et puis, trop de personnalisation tue la personnalisation. OK c’est bien marrant de jouer au tuning façon rider pro en switchant de CTS, mais la différence entre chaque bloc est vraiment trop subtile pour être véritablement significatif sur le terrain. On ne parlera pas du prix de chacun de ces petits bouts de métal...(50€ l’unité, et il y en a 7 au total), je vous laisse faire le calcul… Donc les changer pour ajuster sa fourche c’est un avantage dont on trouve très vite la limite. Et même si c’est très simple et rapide comme manip’ ça ne vaut pas le coup. En gros tu finis par rouler en permanence avec le même bloc correspondant le plus à ton pilotage. Bref tu ne joues plus avec les settings de La Fourche, fin de l’histoire.


Erreur de casting ?


Pour moi c’est le plus aberrant. La Selva c’est un même châssis et une seule cartouche qui va du trail en passant par l’enduro jusqu’au freeride. C’est quoi ce couteau suisse de la polyvalence ? Formula s’est complètement trompé de cible avec ce produit. Proposer exactement la même fourche de 130 à 180mm est absurde puisque seul le débattement change. Même la 33, version XC 100mm de Formula a exactement la même cartouche… WTF ? Il faudrait au moins une variante hydraulique pour les gros débattement. Puisque la fourche doit convenir autant aux trailers qu’aux freeriders, on se retrouve avec la possibilité de la bloquer même avec 180mm de débattement. Totalement inutile. Bref une cartouche plus complexe, plus lourde et plus fragile pour en pratique ne jamais utiliser ce réglage. Il aurait été intéressant pour les riders qui ont besoin d’une fourche à gros débattement, d’avoir une version où l’on peut mettre deux CTS distincts; un pour le high speed et un pour le low speed en virant ce blocage inutile venu d’un autre temps. Aucune fourche d’enduro moderne ne le propose et on sait bien pourquoi.


Combler les vides.


En fait il est là son principal défaut. Elle a pour mission de combler un trou dans la gamme Formula. Une version entre 160 et 180mm qui soit réellement spécialisée pour une pratique engagée. En vérité ce n’est pas grand chose à corriger car le châssis est bon, le ressort à air aussi, mais l’hydraulique ne suit pas quand ça devient très agressif et la fourche cogne dans les bras par son manque de souplesse et de réactivité à haute vitesse... Elle va tres bien pour le trail et le all mountain mais ca ne vas plus du tout dès que ca cogne fort. Son utilisation en bike park n’est pas vraiment recommandé, ça demande de lui rentrer dedans en permanence pour ne pas se laisser embarquer car elle est très brouillon dès qu’on enchaine les bumps rapides. Et puis de toute façon elle n’est clairement pas faite pour ça. Jouer avec les différents CTS n’est pas d’un grand secours et ce n’est pas la parfaite solution que la marque prétend avoir trouvé pour simplifier les réglages peu importe la pratique. 

Attention au charme du marketing.


Alors, à Prendre ou à laisser ?


Au final, on ne peut pas dire que c’est une mauvaise fourche, mais Formula s’est perdu en chemin dès qu’on passe la barre des 160mm de débattement. L’hydraulique certes est différent de ce que l’on retrouve chez tous les autres constructeurs, (CTS) et à la limite pourquoi pas. Mais quel est l’interêt si ca ne marche que sur le papier ou sur des terrains pas trop engagés ? La conception de Formula sur l’hydraulique n’a pas beaucoup évolué depuis la sortie de la première 33 il y a 8 ans, … 8 années lumières. Oui les CTS ont donné un petit coup de jeune entre temps et c’est sympa de pouvoir pimper sa fourche sans passer par la case préparateur, mais au final ça reste surtout un moyen pour la marque de vendre un changement sans vraiment en faire un. Et si on ajoute à cela un entretien très contraignant ainsi qu’une fiabilité plutôt moyenne de certaines pièces (dixit les bagues), on obtient une fourche globalement décevante. Le seul avantage que je lui trouve c’est sont ressort à air combiné au system Néopos (token) qui lui par contre est incroyable de fiabilité et d’un grand maintient à mi course. Mais c’est bien le seul atout.

Si on ne devait retenir qu'une seule chose, les suspensions Formula fascinent au début par leur aspect super technologique puis deviennent peu à peu détestables par leur fiabilité limite et finalement ennuyeuses côté réglages pour finir par s’en séparer à la longue.

That’s all folks!

Pour qui ?

Les traillers et les millionnaires :)
5/10
Facilité des réglages
Fiabilité
Confort
Rigidité
Facilité d’entretien
Facilité de démontage de la roue
Rapport qualité/prix

Commentaires

4 Commentaires

davelepec Salut Ce que tu me décris ressemble à du FOX des années 2005/2010 où tu faisais des entretiens tout les 2mois sous peine de poncer les plongeurs.

Une chose que j'ai appris de ces années c'est que je dégraissais les caches poussières et je lubrifiais les mousses pour éviter d'avoir une pate à poncer de graisse+gravier.


En tout cas tu m'a passé l'envie d'acheter des fourches "Formula"
beniitoo Salut.
Je me roulais pas en Fox à cette epoque là mais en effet j’en ai entendu parler.
Je roulais en Marzochi 66 et à l’époque, j’étais beaucoup moins scrupuleux sur l’entretien. Je n’ai jamais rien eu à changer sur cette fourche.

C’est assez scandaleux je trouve en 2020 d’avoir des fourches aussi contraignantes et fragile, surtout sur cette gamme de prix. J’ai du batailler fort avec Formula pour une prise en charge alors que La Fourche était toujours sous garantie.

J’ai fini par la changer pour la nouvelle Zeb Ultimatr qui sera bien plus adaptée à ma pratique.

Affaire à suivre ;)
davelepec Sauf que les nouvelle Zeb ont un ressort pneumatique à chier, par contre niveau entretien c'est comme les Lyrik et les Boxxer du moment que tu fais des lubrifications toutes les 50H00 rien ne bouge.
beniitoo C’est surtout la fiabilité que je recherche, j’en ai marre d’avoir un vélo qui reste à l’atelier. En ce qui concerne le ressort pneumatique, pour le moment j’en ai lu des assez bons avis mais je n’ai encore pas eu l’occasion de réellement la tester en conditions extrêmes. On verra ce week-end et je te dirai ce qu’il en est.
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